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"On n'a pas l'impression d'exister": les doléances sont également nombreuses dans les banlieues

A Grigny, les habitants participent au "grand débat national" en déposant leurs doléances mais après l'échec du plan Borloo qui avait déjà fait état des problèmes dans les quartiers populaires, certains pensent que ça ne va servir à rien.

Les quartiers populaires se mobilisent doucement autour du grand débat. Le "Grand débat national" n'emballe pas beaucoup au sein des quartiers sensibles. Mais de plus en plus d'acteurs locaux s'activent pour faire entendre la voix des habitants.

Ils ne se bousculent pas pour remplir les cahiers de doléances pour l'instant, avec un sentiment que cela ne servira pas à grand chose d'après les élus et les associatifs. A Grigny dans l'Essonne, on ne baisse pas les bras. Les acteurs locaux tentent de mobiliser leurs concitoyens.

Le maire communiste de la ville Philippe Rio va organiser quatre "jeudis du débat", chaque jeudi à partir de cette semaine, pour discuter des 4 grands thèmes du débat national, entre les habitants et des associatifs, politiques ou journalistes.

"Il y a des problèmes épouvantables mais tout le monde s'en fout. On n'a pas l'impression d'exister"

Environ 250 formulaires ont été remplis, notamment dans le quartier sensible de la Grande Borne. Tous les habitants ne sont pas au courant qu'ils peuvent participer au "grand débat". Même sous la pluie, Seynabou Diarra ne désespère pas, malgré la lassitude de certaines personnes qui estiment que ça ne servira pas à grand chose.

André et Catherine sont retraités et vivent dans le quartier de La Grande Borne. 

"Personne ne nous écoute jamais car nous les banlieues on est laissés pour compte. Il y a des problèmes épouvantables mais tout le monde s'en fout. On n'a pas l'impression d'exister. (...) On décide pour nous, on considère qu'on n'a pas de cerveau, à commencer par nos élus."

"Nous avons enfilé nos gilets jaunes, il y a deux ans. Mais le président ne nous a pas écoutés"

Un sentiment d'abandon que comprend parfaitement Seynabou Diarra. Mère de deux enfants, elle est membre du collectif Fraternités.

"Il y a une lassitude. Quand on voit la mobilisation autour du plan Borloo et le travail qui a été fait pour pointer les difficultés. On se sent délaissés. D'où l'importance de ce débat national donc c'est à nous d'exprimer nos besoins."

Un constat que partage le maire de Grigny Philippe Rio. "Nous avons enfilé nos gilets jaunes, il y a deux ans. Mais le président ne nous a pas écoutés", regrette-t-il.

Anaïs Bouitcha (avec James Abbott)