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Paris Games Week - Entraînements, séances vidéo... le eSport, "c'est très similaire au football"

Un visiteur de la Paris Games Week joue à un jeu vidéo, le 27 octobre 2016.

Un visiteur de la Paris Games Week joue à un jeu vidéo, le 27 octobre 2016. - Lionel Bonaventure - AFP

La Paris Games Week, qui a ouvert ses portes ce jeudi, met cette année en avant l'eSport, avec de nombreuses compétitions au programme des quatre jours du salon. En plein développement en France, ce nouveau type de sport séduit de plus en plus de personnes. En France, ils ne sont qu'une centaine à exercer à un niveau professionnel.

Jonas "Oxygen" Ferry, ancien joueur professionnel de Call of Duty:

"Ce n'est pas un vrai sport, c'est un nouveau type de sport. Nous avons beaucoup de similarités avec les structures des sports collectifs, notamment sur la manière dont les équipes se forment, et comment elles sont gérées économiquement et humainement. Le deuxième point de ressemblance, c'est la façon dont les joueurs appréhendent le jeu, par rapport à leurs entraînements et leurs préparations physique et mentale.

Les heures d'entraînement dépendent des joueurs et des jeux. L'entraînement pur dure 5 à 6 heures par jour. A côté, on fait des séances de visionnage de vidéo, pour analyser le jeu des adversaires et se préparer en vue des tournois et des compétitions. C'est très similaire à ce que font les footballeurs.

Les joueurs ont en revanche un rythme de compétition plus intense. Sur une saison, les joueurs du Paris Saint-Germain, par exemple, se déplacent dans toute la France et de temps en temps à l'étranger. Les eSportifs vont partout dans le monde. En quelques jours, ils peuvent passer de l'Ukraine à la Russie, aux Etats-Unis. La semaine dernière par exemple, il y avait une compétition à Auckland en Nouvelle-Zélande, et maintenant la Paris Games Week.

L'autre grosse différence, c'est que les jeux se jouent tard le soir, car il y a une diffusion en ligne en Access prime time. Les joueurs vivent souvent avec des horaires décalées.

Il peut y avoir des blessures au niveau des articulations, notamment aux mains et aux poignets. Celle que j'ai le plus vu, c'est le syndrome du canal carpien, qui est une lésion extérieure de la main qui bloque le tendon. Je n'ai jamais vu de problèmes liés à la vue, notamment parce que les nouveaux écrans utilisés ne font pas mal aux yeux. Les écrans 'gaming' sont maintenant conçus pour réduire la lumière bleue, ils limitent les risques.

"C'est le sport de demain"

En terme de carrière pure, on peut durer jusqu'à 22 ou 23 ans, car le cerveau assimile encore des choses jusqu'à cet âge. Il y a encore un apprentissage des doigts, une marge de progression. Après 23 ans, les doigts perdent en réactivité.

Les joueurs professionnels réussissent à se reconvertir dans les domaines alentours. Ce n'est pas encore un secteur très développé, et quand ils finissent leurs carrières, ils peuvent se reconvertir, en commentateur, en attaché de presse ou en représentant d'une marque partenaire.

Nous ne sommes qu'au début de l'eSport en France. Nous sommes très loin dans son développement car nous avons un public plus âgé et plus éloigné du phénomène que les autres pays. Mais j'ai tendance à dire que c'est le sport de demain, tout simplement parce que le jeu vidéo englobe tellement de styles différents qu'il parle à tout le monde.

Canal vient de lancer son Canal eSport Club (un magazine dédié aux compétitions de jeu vidéo, ndlr), l'eSport est voué à être à la télévision. Quand on voit un club et une marque comme le PSG investir dans l'eSport, c'est pour s'ouvrir à d'autres marchés et toucher un autre public.

Enormément de marques liées au gaming, qui fabriquent des casques, des souris, des claviers, se servent des athlètes. Les marques populaires s'y penchent aussi de plus en plus. Coca-Cola, avec la Coca-Cola Gaming Zone, est par exemple partenaire de la Paris Games Week depuis six ans. Le fait d'attirer plus de marques généralistes montre que l'eSport se démocratise".

Florian Huvier