Plan Borloo pour la banlieue: "Il faut que le gouvernement ouvre les yeux sur la réalité des quartiers populaires"
Fonds de 5 milliards d'euros, relance de la rénovation urbaine, effort sur l'école... Très attendu dans les banlieues, l'ambitieux rapport remis jeudi par Jean-Louis Borloo se veut aussi un avertissement sur les risques de "repli identitaire et communautaire" dans les quartiers, voire d'"apartheid" en matière de mixité.
Intitulé "Vivre ensemble - vivre en grand la République", ce rapport de 60 pages qui appelle à une "réconciliation nationale" nourrira le "plan de mobilisation" en faveur des quartiers prioritaires qu'Emmanuel Macron annoncera "dans le courant du mois de mai", a indiqué le Premier ministre Edouard Philippe après avoir reçu le document.
Si Jean-Louis Borloo espérait remettre son rapport il y a une dizaine de jours à Emmanuel Macron, la rencontre est décalée à cause de "l'agenda du Président". La remise du rapport Borloo a finalement été organisée en catastrophe ce jeudi et à Matignon entre deux rendez-vous d'Edouard Philippe. Un épisode qui démontre que ce rapport n'est pas essentiel pour le Président et le gouvernement. Loin de là.
Au gouvernement, on explique "Jean-Louis Borloo a peut être été présenté comme le messie des banlieues, mais Emmanuel Macron et Edouard Philippe ne l'ont pas attendu pour agir. On a déjà fait le dédoublement des classes dans les quartiers prioritaires, les emplois francs, la police de proximité ou le doublement de 5 à 10 milliards d'euros du budget de la rénovation urbaine".
Dans les ministères, on se contente de promettre que le rapport de Jean-Louis Borloo sera lu avec attention.
Dans les quartiers concernés, l'attente est palpable, pourtant. Patrice Bessac est le maire communiste de la ville de Montreuil, en Seine Saint-Denis.
"J'attends de ce rapport Borloo qu'il soit utile pour que le gouvernement ouvre les yeux sur la réalité des quartiers populaires. Aujourd'hui,on se cache la réalité. On ne demande pas l'exception, pas la charité: on veut être considéré à égalité avec le pays. Or, nous ne le sommes pas: nos écoles fonctionnent plus mal, on se sent isolés. Le gouvernement ne s'en sortira avec quelques mesures" menace-t-il au micro de RMC.