Prison: les détenus "entassés comme des poulets en batterie" dénonce Dominique Simonnot
Un rapport qui appelle à desserrer "l'étau de la surpopulation", pour que les prisons cessent de "fabriquer de la récidive". Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, dénonce les conditions de vie des détenus dans les prisons françaises, alors que le taux d'occupation a atteint 117% au 1er mai, avec 1.850 prisonniers qui dorment actuellement sur des matelas posés à même le sol.
"C’est une urgence, alerte-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce vendredi sur RMC et RMC Story. Une équipe se trouve actuellement à la prison de Gradignan, surpeuplée à 220-230%, avec trois ou quatre détenus par cellule. Avant-hier, le feu a pris dans l’une des cellules, il y a un mort et un blessé. Il y avait un seul surveillant dans la coursive. Cette surpopulation, elle retombe sur les surveillants également. C’est invivable."
"Ça fait mal au cœur"
"Je ne pense pas qu’on sorte meilleur de prison après trois, six ou huit mois passés dans ces conditions, en étant entassé dans un espace vital de 1,3 m² par personne, ajoute Dominique Simonnot. La surpopulation vicie tout, les relations entre détenus, et avec les surveillants. Ça empêche l’accès aux soins, aux activités, même aux douches. Je ne sais pas comment dire à quel point c’est scandaleux de laisser vivre des individus comme ça. Moi, je suis émue par les poulets en batterie et ça me dégoûte. Là, il s’agit d’êtres humains qui sont exactement entassés dans les conditions des poulets en batterie. Ça fait mal au cœur."
Pour la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, il faut développer d’autres solutions d’aménagements de peine pour éviter de surcharger les prisons. "Pourquoi la France a-t-elle pris la prison comme seule référence de la sanction ? Le bracelet électronique, c’est une vraie contrainte, souligne Dominique Simonnot. Patrick Balkany est retourné en prison parce qu’il n’a pas respecté les contraintes. Le travail d’intérêt général, le sursis probatoire… Il y a beaucoup d’alternatives. En Allemagne, ils sont très tournés vers l’alternative à l’incarcération."