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Prostitution: faut-il revenir sur la pénalisation des clients?

Le conseil constitutionnel examine ce mardi un recours contre la loi d'avril 2016 qui pénalise les clients des prostituées d'une amende qui peut aller jusqu'à 1 500 euros et 3 750 euros en cas de récidive. 20 associations et une trentaine de travailleurs du sexe sont à l'origine de cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

La prostitution relève-t-elle de la liberté d'entreprendre ou de l'esclavage sexuel? C'est le débat qui s'annonce brûlant devant le Conseil Constitutionnel. Il examinera ce mardi un recours contre la loi d'avril 2016 qui pénalise les clients des prostituées d'une amende qui peut aller jusqu'à 1.500 euros et 3.750 euros en cas de récidive pour les clients.

Vingts associations, dont Médecins du Monde et le Syndicat du travail sexuel (Strass), et une trentaine de travailleurs du sexe sont à l'origine de cette question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

Selon eux, cette loi réprime même entre "adultes consentants le recours à la prostitution", "méconnaît les droits constitutionnels à l'autonomie personnelle et à la liberté sexuelle", "le droit au respect de la vie privée", "la liberté contractuelle", "la liberté d'entreprendre" ainsi que le "principe de nécessité et de proportionnalité des peines".

"La situation s'est précarisée depuis la pénalisation des clients"

La question a été jugée sérieuse par la plus haute juridiction administrative et transmise au Conseil constitutionnel, qui tranchera dans les prochaines semaines.

Sarah-Marie Maffesoli est coordinatrice chez Médecins du monde, une des associations à l'origine de la QPC. 

"Pour pouvoir continuer à travailler, elles sont obligées de se rendre dans des lieux de plus en plus isolés, donc qui présentent plus de risques d'exposition face aux agresseurs. Les clients qui restent se sentent malheureusement dans un rapport de force. La situation s'est précarisée depuis la pénalisation des clients."

"Le problème est que si on annule cette loi on fait d'une femme une marchandise"

Les travailleuses du sexe ne sont pas forcément toutes du même avis. Anne Darbès, ex-prostituée, estime qu'il vaut mieux laisser les choses comme elles sont.

"Il faut garder, pour les femmes qui sont contraintes, ce garde-fou, ça peut sauver des personnes. Le problème est que si on annule cette loi on fait d'une femme une marchandise."
Claire Andrieux (avec James Abbott)