Qui est François Provost, ce "Car Guy" devenu nouveau directeur de Renault?

François Provost, le nouveau patron de Renault, se définit lui-même comme un "Car Guy", un passionné de voitures. Mieux, il dit avoir "le losange - le sigle de Renault - au cœur". François Provost n’est pas poète, non, il est corporate jusqu’au bout, et il vaut mieux. Le voilà propulsé directeur général du constructeur automobile français. Il prend la relève de Luca de Meo après son départ surprise en juin dernier.
Derrière ses lunettes rondes, on dit de ce nouveau patron de 57 ans, cheveux poivre et sel, qu’il est plus discret que son prédécesseur, moins tape à l'œil. Mais tranchant pour autant. Il assure déjà qu’il jouera "la continuité" avec Luca de Meo, lui qui a été un artisan du plan de transformation "Révolution" de la marque, ce qu’on appelle la "Renaulution". François Provost a contribué à sa montée en gamme avec notamment la sortie de la Renault 5 tout électrique ou encore le SUV Dacia Bigster.
Ingénieur de formation
Il faut dire que le nouveau patron connaît très bien les arcanes de l’entreprise. Et ce, alors qu’il n’a pas commencé sa carrière dans l’automobile, contrairement à ses pairs. Ingénieur de formation, c’est un polytechnicien, aussi diplômé des Mines.
Il a d’abord travaillé dans la Haute Fonction publique, à la direction du Trésor, au comité interministériel de restructuration industrielle. Puis il est devenu conseiller ministériel à la Défense, dans le gouvernement Jospin.
C’est en 2002 qu’il entre chez Renault. D’abord comme directeur de succursale puis comme directeur régional. François Provost gravit les échelons, poursuit sa carrière pour le groupe à l’international : Portugal, Russie, Corée, Chine. Avant de devenir directeur des achats, des partenariats, puis des affaires publiques.
"Travailleur acharné"
Sa mission, c’est d’accélérer la transformation de Renault. Un groupe de 100.000 salariés qui connaît des résultats difficiles, une perte nette de plus de 11 milliards d’euros au premier semestre, résultant notamment de son détachement stratégique avec son ancien partenaire Nissan. Mais sans conséquence pour la trésorerie du groupe.
Pas de quoi démotiver François Provost, décrit par certains cadres comme "un travailleur acharné qui ne lâche rien". C’est ce que rapporte l’hebdomadaire Le Point, notamment dans ses négociations avec les équipementiers automobiles.
"Le pire candidat"
Et il a déjà affiché ses priorités. D'abord privilégier la valeur des ventes, plutôt que le volume. Mais aussi assumer de délaisser la Chine et les Etats Unis, au profit de l’Amérique du Sud et de l’Inde. Il souhaite également rester en Formule 1, pour espérer renouer avec la victoire.
Mais son plan de réduction des coûts fait déjà frémir les syndicats, notamment la CGT. Dans le quotidien l’Humanité, l’un des responsables du syndicat estime qu’"ils sont allés chercher le pire candidat, celui qui est en partie responsable de la stratégie menée par l’ancien directeur général dont il était le bras droit". Sa gestion du douloureux dossier de la fonderie de Bretagne, ancienne filiale de Renault, menacée de fermeture et finalement reprise, n’a visiblement pas rassuré les salariés.