Recul du topless sur les plages: "Les femmes acceptent moins les regards libidineux"

Et si c'était le début de la fin du topless sur les plages? Alors que quasiment la moitié des femmes se mettaient seins nus en vacances il y a 40 ans, elles ne sont que 16% à enlever le haut en été selon une étude de l'Ifop publiée en 2023.
Plusieurs éléments de réponse expliquent ce désamour. D'abord, c'est le regard des autres et surtout des hommes qui gêne les femmes: 34% des femmes en monokini déclaraient avoir déjà été regardées avec insistance. Pire encore, 35% d’entre elles affirment avoir fait l’objet de sifflements, de gestes ou de commentaires grossiers.
Et pour celles qui ne l’ont pas vécu, elles le craignent: la moitié des femmes âgées de 18 à 24 ans interrogées et ne bronzant jamais torse nu, font part de leur crainte d’être agressées verbalement, physiquement ou sexuellement.
Le topless, à l'origine un acte pour l'émancipation des femmes
"C'est une pudeur à deux vitesses. (Le torse) Il y a celui des hommes et celui des femmes, très sexualisé dans nos sociétés", note ce mardi sur le plateau d'Estelle Midi la journaliste Emma Dancourt. Elle rappelle que le topless est à l'origine un "acte symbolique, militant et d'émancipation relevant de la lutte contre le patriarcat".
"Mais les jeunes femmes d'aujourd'hui n'ont plus besoin de ça pour lutter contre le patriarcat et l'inégalité homme-femme", souligne-t-elle.
A 43 ans, Christelle a "toujours fait du topless". "Aujourd'hui parfois, des hommes passent et vous regardent avec insistance et c'est très gênant", explique-t-elle. "Et j'incite ma fille de 16 ans à faire du topless, mais elle ne veut pas à cause du regard des autres. Mais on s'est battu, nous les femmes, pour avoir plus de droits et aujourd'hui on régresse", déplore Christelle.
"Des comportements masculins massifs et récurrents"
"Encore aujourd'hui, le corps masculin est neutre et ne pose pas de problème contrairement à celui de la femme", déplore sur RMC et RMC Story Fatima Benomar, militante féministe et présidente du collectif Coudes à coudes. "Les enquêtes montrent que ce ne sont pas les femmes qui ont des problèmes avec leur corps, mais des comportements masculins assez massifs et récurrents pour qu'il y ait un repli significatif du côté des femmes".
"Il y a de moins en moins de femmes qui acceptent les regards libidineux", conclut-elle.
Les réseaux sociaux suscitent aussi énormément d’inquiétude. Selon l'étude de l'Ifop, 46% des femmes refusent de se mettre seins nus sur la plage de peur qu’une photo ou qu’une vidéo soit diffusée sur Twitter, Instagram ou encore Facebook. Des chiffres qui peuvent surprendre alors que la France est la destination phare des naturistes. Ils sont 4 millions de pratiquants chaque année.