40e anniversaire de la Gay Pride: "Aujourd’hui, s'il était si facile d’être homosexuel, des modèles existeraient"

Ce samedi, la Gay Pride parisienne fête ses 40 ans. (Photo d'illustration) - AFP
En 1977, la première Gay Pride parisienne ferraillait contre la pénalisation de l'homosexualité; en 2017, les couples de même sexe peuvent se marier. Ce samedi, la Marche des fiertés célèbrera quarante ans de combats des lesbiennes, gays, bis et trans (LGBT).
"La Gay Pride était le premier endroit où l'on voyait ce qu’était le fait d’être gay"
"1977-2017: 40 ans de marche, 40 ans de luttes". L'affiche anniversaire annonce la manifestation de samedi d'un poing fermé posé sur un parterre arc-en-ciel, et résume quatre décennies de "mouvement pour réclamer des droits", et les "consolider", explique Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT, l'association organisatrice. Le combat partait de loin. Francis Carrier, 63 ans, a participé à la plupart des Marches parisiennes:
"En 1981, c’était ma première Gay Pride et c’était bien différent. On était 2.000 ou 3.000 à tout casser, il y avait quelques camions. Ce n’était pas comme aujourd’hui où il y a une foule immense. La Gay Pride était le premier endroit où l'on voyait ce qu’était le fait d’être gay. On ne voyait aucun endroit où il y avait des représentations de gays. Ils n’existaient pas. Mais aujourd’hui, si c’était si facile d’être homosexuel, des modèles existeraient. Citez-moi une lesbienne connue, affirmée, dans le monde du travail ou dans le monde politique", déclare-t-il à RMC.
Le sida, considéré comme une "maladie honteuse"
Jusqu'en 1981, l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale en France. Les actes "impudiques ou contre nature" ne cessèrent qu'en 1982 d'être passibles d'emprisonnement. Forêts, espaces verts et toilettes publiques furent longtemps les seuls lieux de rencontre disponibles. La dépénalisation de l'homosexualité provoque un changement de décor radical. A Paris, les boîtes de nuit ouvrent en pagaille.
Puis, le virus du sida s'installe. La communauté LGBT, les morts se comptent par milliers. La "maladie honteuse", qui décime particulièrement les homosexuels, sert de déclencheur à de nouvelles revendications.
Une augmentation de 20% des actes homophobes en 2016
Le pacte civil de solidarité, union civile accessible aux personnes de même sexe, est voté en 1999. Le mariage pour tous le sera en 2013. Au terme d'années de luttes, ponctuées chaque mois de juin d'une Marche des fiertés.
Plus d'acceptation, d'intégration. Dans les grandes villes, des jeunes de même sexe se tiennent désormais librement la main, s'embrassent. Le mariage pour tous, qui avait provoqué des débats houleux en 2012-2013, est mieux accepté. Ce qui n'empêche une augmentation de 20% des actes homophobes en 2016, selon l'association SOS homophobie.
Ce samedi, le slogan de la Marche sera "la PMA pour toutes, sans condition et sans restriction". La procréation médicalement assistée est aujourd'hui accessible aux seuls couples hétérosexuels. Le candidat Emmanuel Macron, au printemps 2017, s'était dit "favorable" à son ouverture "aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires".