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Apnée du sommeil: Philips reste évasif sur ses appareils potentiellement cancérogènes

Le groupe néérlandais était auditionné par l'Agence nationale du médicament (ANSM) mercredi dans l'affaire des respirateurs Philips contre l'apnée du sommeil dont la mousse est soupçonnée d'être à l'origine de cancers.

Beaucoup de questions, peu de réponses. Dans l'affaire des respirateurs Philips contre l'apnée du sommeil, soupçonnés de provoquer des cancers, l'Agence nationale du médicament organisait mercredi des auditions publiques retransmises en direct.

Matthieu était devant son ordinateur pendant plusieurs heures. Il a pu regarder et écouter des toxicologues et des épidémiologistes répondre aux questions dans ce dossier Philips. Matthieu, c'est ce patient de 45 ans qui nous avait alerté à l'adresse rmcpourvous@rmc.fr sur cette affaire. Il a développé début janvier un cancer des ganglions, alors qu'il utilisait depuis cinq ans un appareil d'apnée du sommeil de la marque. Mercredi, il était soulagé de la tenue des auditions publiques car, ces derniers temps, il se sentait oublié des autorités.

"Je trouve le temps long avant d'avoir des retour des orgnaismes comme l'ANSM et la partie judiciaire. Ce serait intéressant de savoir un peu où on en est. la question reste la même: est-ce que cette machine est responsable de ma maladie en fait?"

"On est pris pour des moins que rien", se lasse un patient

Et les patients attendaient surtout des réponses de la part des responsables de Philips auditionnés. Mais ces derniers se sont contentés d'expliquer que des tests complémentaires étaient en cours et que cela prenait du temps. Sur les questions techniques, pas de réponses. Christian Trouchot, qui préside une association d'insuffisants respiratoires, attend d'autres réponses.

"De quoi est composée la mousse de l'appareil? Quels sont les éléments chimiques qui la composent ? A-t-elle été remplacée sur les nouveaux appareils? On est pris pour des moins que rien. Je pense qu'ils jouent la carte de la lenteur. Il faut qu'ils se fassent oublier. Si dans dix ans, j'ai un cancer, ils diront que j'étais diabétique et que j'étais en surpoids, et ça passera à la trappe", craint-il.

Seulement 20% d'appareils remplacés en avril

Les autorités avaient laissé jusqu'au mois de juin à Philips pour remplacer 75% de ses machines. Où en est-on? Très loin... On ne connaît pas encore les chiffres pour mois de mai, mais en avril un peu plus de 20% seulement des 350.000 appareils d'apnée du sommeil avaient été remplacés, alors que l'Agence du médicament croule sous les signalements d'effets indésirables potentiels. 2.590 signalements, dont plus d'une centaine pour des cancers, mais aussi des symptômes pulmonaires et cardiovasculaires.

Coté judiciaire, deux procédures sont en cours. Plus de 1.200 patients vont engager une procédure groupée au civil. Et ils sont aussi une centaine à préparer le dépôt d'une plainte au pénal avec leur avocat, maître Christophe Lèguevaques.

"L'ANSM est confrontée à un problème. Philips ne communique pas les informations spontanément. Je pense qu'il faut aller plus loin et que la justice pénale ouvre une enquête et désigne un juge d'instruction. Avec ces éléments, on pourra obtenir enfin les informations nécessaires pour à la fois rassurer les malades et faire la part de la vérité."

De son côté, le parquet de Paris, qu'on a contacté, nous indique qu'il est en train d'examiner plusieurs plaintes. Il s'est même déclaré compétent pour au moins une plainte dans ce dossier Philips. Le parquet attend tous les éléments pour ouvrir éventuellement une enquête préliminaire et centraliser toutes les plaintes qui ont été déposées en France.

Marie Dupin