Atteinte d'un Covid long, une aide-soignante est obligée de rembourser 4.500€ à son employeur

Aide-soignante à l’hôpital de Pontoise, Mona était en première ligne face à l’épidémie de Covid-19 en mars 2020. Infectée par le virus sur son lieu de travail, sa vie a basculé. Fatigue intense, douleurs musculaires, maux de tête: elle enchaîne les arrêts-maladies depuis trois ans.
Les médecins lui ont diagnostiqué un Covid long. Elle est déclarée travailleuse handicapée à 20%. Mais le conseil médical de son département a refusé de la reconnaître en maladie professionnelle.
"L'injustice, c'est qu'on me demande d'y aller, j'y vais sans protection et j'y fonce. Et aujourd'hui, je ne supplie pas, je demande juste que mon état de santé soit reconnu par rapport à la bataille qu'on a mené ensemble. Il y a des séquelles, je demande juste à ce qu'elle soient réparées ou entendues", explique-t-elle à RMC.
Une "dette" étalée
Pour Mona, c’est la double peine. Son état de santé ne lui permet plus de travailler comme avant, elle a dû changer de service. Mais en plus, aujourd’hui, son employeur lui réclame 4.500€. Car lorsqu’un agent est en arrêt pour maladie professionnelle, il touche 100% de son salaire, mais lorsque c’est un arrêt-maladie simple, il ne reçoit que la moitié. L’hôpital de Pontoise demande donc à l’aide-soignante de rembourser le trop-perçu.
Contactée par RMC, la direction assure qu’elle applique tout simplement les règles et précise que Mona peut demander au Trésor public un étalement de sa dette. Ce qu’elle a fait. Avec ses 1.980€ de salaire mensuel, elle va devoir rembourser 250€ chaque mois pendant les 18 prochains mois.
Une situation injuste et pourtant courante, selon les deux principales associations de malades du Covid long que nous avons contactées. Le Covid-19 peut effectivement être reconnu comme maladie professionnelle depuis un décret de septembre 2020, mais il n’existe toujours pas de case, à proprement parler, pour le Covid long. Pourtant, le gouvernement estiment que 2 à 3 millions de personnes seraient atteintes en France, dont de très nombreux soignants.
Un maladie pourtant reconnue par l'OMS
Le ministère de la Santé assure s'être saisi du problème. Mais pour les patients comme Mona, ça ne va pas suffisamment vite. Pour le gouvernement, il n’y a pas assez d'informations pour classer le Covid long, alors qu’il est reconnu par l'Organisation Mondiale de la Santé comme maladie à part entière. Une loi de janvier 2022 devait permettre de créer une plateforme pour référencer précisément les cas et mieux prendre en charge les malades mais on attend toujours le décret d’application.
Le ministère de la Santé nous rappelle toutefois qu’en cas de refus de reconnaissance en maladie professionnelle, il existe un recours, un comité spécialement créé pour les cas particuliers, qui peut être saisi. C’est ce qu’a fait la porte-parole de l’association Covid Long France avec qui nous avons discuté. Après deux refus, elle a saisi le comité et a fini par être reconnue en maladie professionnelle. On verra si ça fonctionne pour Mona et on continuera évidemment de l’accompagner dans ses démarches.