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Augmentation des pesticides dans l’agriculture: “il va falloir changer de méthode”

L’utilisation des pesticides en France a connu une hausse sans précédent en France en 2014. Invité sur RMC, François Veillerette, porte-parole de l’association Générations futures veut convaincre les agriculteurs de changer leurs pratiques.

“Ce sont des très mauvais chiffres”, reconnaît François Veillerette. Le ministère de l’agriculture a publié mardi des statistiques sur l’utilisation des pesticides. En 2014, ils ont connu une augmentation de 9,4% par rapport à l’année précédente. Un bilan accablant.

“Cela fait plusieurs années de suite que la consommation de pesticides augmente alors qu’on a un plan depuis le Grenelle de l’environnement censé les réduire de moitié en dix ans. Ca s’appelle un échec”, résume le porte-parole de Générations futures qui défend une agriculture plus respectueuse de l’environnement. "Le premier plan qui s'appelait Ecophyto est terminé, un deuxième plan est lancé mais il va falloir changer de méthode". 

Pour François Veillerette, cet échec s’explique notamment “parce qu’il n’y a pas de mesures coercitives. C’est un plan qui fait appel à la bonne volonté de la profession. On voit bien que ça ne suffit pas”.

L’origine du problème vient aussi pour lui, “un manque de formation” et d’accompagnement des agriculteurs mais aussi l’encadrement des coopératives. “Les coopératives agricoles qui achètent le grain aux agriculteurs vendent aussi les pesticides et les engrais, donc ils sont intéressés à la vente. Vous ne pouvez pas conseiller de manière indépendante les agriculteurs, si en même temps vous leur vendez des pesticides”, regrette-t-il.

"De meilleurs revenus" pour les agriculteurs

Il salue toutefois l’initiative du ministère de l’agriculture de développer les “fermes défi”, des exploitations qui doivent servir de modèle démontrer aux agriculteurs qu’utiliser moins de pesticides est possible. Pour François Veillerette, ces agriculteurs qui utilisent jusqu’à moitié moins d’engrais et pesticides y voient un réel bénéfice. “Ils produisent moins que leurs collègues, c’est vrai, mais comme ils dépensent beaucoup moins en engrais et en pesticides ils ont de meilleurs bilans d’exploitation, de meilleurs revenus”.

Il défend cette agriculture, qui ne “coûte pas forcément plus cher”. “Vous allez produire en céréales 10% en moins à l’hectare par exemple, mais comme vous allez dépenser moins en engrais et en pesticides vous allez gagner quatre années sur cinq plus d’argent, c’est ce que nous disent les études de l’INRA”.

Au-delà du revenu, l'utilisation des pesticides pose évidemment un problème de santé publique. "Les coûts sanitaires sont considérables. Uniquement pour les pesticides qui utilisent des perturbateurs endocriniens, ces produits à très faible dose qui vont avoir un impact sur le développement du foetus, ça coûte 120 milliards d'euros à l'Europe par an, ça a été chiffré par la société d'endocrinologie internationale". Utiliser moins de pesticides est désormais pour François Veillerette "une agriculture d’intérêt national".

Carole Blanchard