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"C'est mécanique": les cotisations des mutuelles vont augmenter à cause du budget 2026

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Le gouvernement prévoit de soumettre les mutuelles à une contribution de 2,05 % sur les cotisations de leurs adhérents. "Chaque année, on a l'impression que le même film est rejoué avec des nouvelles dépenses à la charge des mutuelles", déplore sur RMC Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité française.

Alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu présente son projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, les réactions s’accumulent du côté des acteurs de la santé. Parmi eux, la Mutualité Française, par la voix de sa directrice générale Séverine Salgado, dénonce une nouvelle ponction sur les organismes complémentaires et un transfert croissant des dépenses vers les ménages.

“Chaque année, on a l’impression que c’est le même film rejoué : on a de nouveau une taxe sur les complémentaires santé et de nouvelles dépenses mises à la charge des mutuelles”, déplore-t-elle ce jeudi sur RMC et RMC Story.

Dans son projet de budget, le gouvernement prévoit en effet de soumettre les mutuelles à une contribution de 2,05 % sur les cotisations de leurs adhérents. Une taxe présentée comme “exceptionnelle” et limitée à l’année 2026, mais qui suscite déjà de fortes inquiétudes dans le secteur.

L'augmentation des dépenses de santé réduite à 1,6%

Officiellement, cette mesure vise à réduire le déficit de la Sécurité sociale, que le gouvernement espère ramener à 17,5 milliards d’euros en 2026, après 23 milliards en 2025. Cette trajectoire budgétaire s’appuie sur une forte maîtrise des dépenses: l’Ondam, l'Objectif national de dépenses d’assurance maladie, ne progressera que de 1,6 %, bien en dessous de la hausse naturelle des dépenses de santé (environ +4% par an), portée par le vieillissement de la population et la multiplication des maladies chroniques.

Un Français sur deux n’a aucune idée du coût des soins médicaux dont il bénéficie
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Pour atteindre ces objectifs, l’exécutif entend doubler le montant et les plafonds des franchises médicales et participations forfaitaires dès 2026. Concrètement, les assurés paieront plus cher de leur poche pour les médicaments, les consultations, les analyses ou les transports sanitaires — sans pouvoir compter sur leur complémentaire santé pour en être remboursés.

"Dès que la Sécu rembourse moins, les mutuelles remboursent plus et mieux"

Selon le Haut Conseil des finances publiques, cette mesure pourrait rapporter 2,3 milliards d’euros à la Sécurité sociale. "Dès lors que la Sécu rembourse moins, ce sont les mutuelles qui remboursent plus et mieux — sauf quand il s’agit de franchises”, souligne Séverine Salgado. La directrice générale de la Mutualité Française alerte aussi sur une spirale inflationniste du coût de la santé pour les particuliers :

“On prévoit une augmentation de 6 % en 2025 des cotisations des mutuelles. C’est une tendance qui s’intensifie depuis 2021. Les dépenses de santé augmentent structurellement, et celles des mutuelles progressent encore plus vite que celles de la Sécurité sociale." Selon la Drees, en 2024, les dépenses des organismes complémentaires ont augmenté deux fois plus vite que celles de la Sécu.

"86% des Français sont inquiets pour l'avenir de la Sécu"

La Mutualité Française redoute qu’à force de “mesures exceptionnelles” et de transferts de charge, le modèle de solidarité du système de santé français s’effrite peu à peu. "On a déjà 86 % des Français qui se disent inquiets pour l’avenir de leur Sécurité sociale", rappelle Séverine Salgado.

"Les mutuelles doivent pouvoir choisir librement le niveau de garanties qu’elles souhaitent proposer à leurs adhérents. Dans certains contrats collectifs de la fonction publique, l’État lui-même demande à ce que la mutuelle choisie rembourse certaines médecines douces".

LM