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Coût des soins médicaux: "une journée en réanimation, c'est entre 3.000 et 4.000 par jour", assure le Dr Sebbag

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Près d’un Français sur deux ignore le coût réel de ses soins médicaux, selon une enquête pour Aésio mutuelle dévoilée par RMC. La facture annuelle est largement sous-estimée, et la méconnaissance des coûts pourrait nuire à l’implication des citoyens dans le système de santé. Pour y remédier, experts et économistes appellent à plus de transparence, voire à une “facture blanche” détaillant l’ensemble des dépenses de santé.

Près d’un Français sur deux ne connaît pas le coût réel des soins médicaux dont il bénéficie, révèle une enquête pour Aésio mutuelle, dévoilée par RMC. Médicaments, consultations ou examens: les patients sous-estiment largement la facture annuelle. Ils l’évaluent en moyenne à 2.144 euros, alors qu’elle atteint 3.659 euros selon les chiffres 2023.

Une méconnaissance généralisée

Cette ignorance concerne tous les actes de soins. Après une consultation, un examen en laboratoire ou un achat en pharmacie, la plupart des patients ne savent pas combien coûtent réellement leurs prestations. Certains ignorent même le prix d’une prise de sang (20 euros) ou d’une journée d’hospitalisation (1.300 euros).

“Je suis pris en charge à 100%, donc je ne fais pas attention à ça”, confie un Français rencontré par RMC.
Un Français sur deux n’a aucune idée du coût des soins médicaux dont il bénéficie
Un Français sur deux n’a aucune idée du coût des soins médicaux dont il bénéficie
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Améliorer l’information et lutter contre les fraudes

Pour remédier à ce déficit, l’Assurance maladie envoie désormais un mail à chaque assuré dès qu’une dépense est effectuée en son nom. Ce message invite à consulter son compte Ameli et à signaler d’éventuelles fraudes. En 2024, celles-ci ont représenté 628 millions d’euros, dont 70% commises par des professionnels de santé, notamment des audioprothésistes.

“À partir du moment où vous ne savez pas combien coûte ce que vous consommez, il y a une moindre implication du citoyen dans le système de santé”, rappelle Frédéric Bizard, économiste spécialiste des questions de santé.

“Il y a urgence à agir, car le système est au bord de l’implosion. Il faut mettre en place une règle d’or, comme en Allemagne, où on interdit d’avoir du déficit, sauf cas de force majeur comme une crise économique ou sanitaire. Ça forcerait le système à trouver les recettes ou les économies pour rendre le système vertueux”, précise-t-il dans Estelle Midi ce lundi.

Vers une facture "blanche"?

Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du cabinet BDO France, propose de mettre en place une “facture blanche” détaillant tous les coûts:

“Ça permettrait de voir où vont les impôts et de mieux tolérer leur augmentation. Avec l’IA, il serait facile de générer ce type de facture et de stocker radios, examens et factures sur la carte vitale, ce qui servirait aussi de prévention.”

“Pour les soins et services publics en général, on n'a absolument aucune conscience des couts réels, et les opérations et les couts ont augmenté, car il y a de plus en plus de progrès technique”, précise-t-elle sur RMC. “On n'en a aucune conscience alors que ces dépenses vont augmenter en vieillissant."

Le choix d'Apolline : Anne-Sophie Alsif - 29/09
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Une prise de conscience nécessaire

Pour Robert Sebag, médecin, la transparence sur le coût des soins est essentielle:

“La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. Même en tant que médecin, on ne sait pas toujours combien ça coûte. Pendant le Covid, par exemple, les tests PCR coûtaient cher. Une journée en réanimation, c'est entre 3.000 et 4.000 par jour. Imaginez combien ça a pu couter pendant le Covid, quand certaines personnes restaient des semaines en réanimation. Pourquoi chaque Français ne recevrait-il pas, chaque année, une note indiquant ‘vous avez coûté tant’ ?”
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