Chemsex: un élu interpelle sur ce phénomène de société et demande davantage de prévention

Le Chemsex, contraction des mots “chemical” (produit chimique en anglais) et “sexe”. Le principe: consommer de la drogue pour amplifier les sensations et prolonger les rapports sexuels.
Selon les études, les usagers sont à 80, voire 90% des hommes avec d’autres hommes. D’après le rapport “Chemsex” de 2022, commandé par le ministère de la Santé, cette pratique dangereuse et parfois mortelle concernerait ainsi 100.000 à 200.000 personnes en France. C’est un élu qui a interpellé “RMC s’engage avec vous” sur le sujet.
“Dès que l'on a des problématiques de santé publique, qui vont toucher une minorité de la population, on est un peu lent au démarrage. Pour autant, on sait déjà qu’en 2017, à Lyon, une association avait mis en avant une vingtaine de cas suspect de décès. L’Agence Régionale de Santé a enquêté et en a reconnu 9”, explique Yann Botrel, adjoint à la mairie de Charly, près de Lyon.
L’élu précise qu’il est homosexuel et qu’il aurait lui-même pu tomber dans le chemsex. Il a écrit au ministère de la Santé et la réponse ne l’a pas convaincu: le “contexte privé des évènements chemsex” empêche une campagne traditionnelle de prévention. C’est pour ça qu’il a fait appel à RMC.
"On se demande comment on va pouvoir retrouver une vie normale"
Les risques liés à cette pratique sont réels et graves: maladies sexuellement transmissibles, altération du consentement, troubles psychiques, addictions. Et le nombre d’usagers de chemsex a augmenté depuis le Covid et les confinements.
Le phénomène est tel qu’un groupe de travail dédié a été créé à l’INSERM, l’Institut national de la santé. La rédaction a pu rencontrer un repenti du chemsex, qu’il a pratiqué pendant six ans.
“Il y a une période où j’étais particulièrement addict. J’avais pris un calendrier et je faisais une croix sur les jours où je prenais des produits. Quand je voyais qu'à la fin du mois le calendrier était rouge de croix, on a du mal à voir la lumière après. On se demande comment on va pouvoir retrouver une vie normale, une sexualité normale et des contacts sociaux normaux”.
Il a fini par en sortir, ce n’est pas le cas de tous. Il appelle à plus de prévention, notamment sur les applis de rencontre.
Mais les acteurs privés sont-ils prêts à s’engager?
C’est ce que RMC a demandé à Tinder, Bumble et Grindr. Seul Tinder a apporté une réponse. La plateforme se dit très engagée sur la santé sexuelle des usagers. Sur le chemsex en particulier, ils travaillent en ce moment avec des associations “sur la meilleure manière d'éduquer mais aussi d'orienter les jeunes vers des ressources concrètes”.
La rédaction a également sollicité le Ministère de la Santé, pour savoir si les recommandations du rapport Chemsex de 2022 avaient été suivies. Silence radio à ce stade.