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Confinement: pourquoi les compagnies d'assurance ne peuvent-elles pas rembourser les pertes d'exploitation?

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La Fédération française de l'assurance estime impossible de prendre en charge les pertes d'exploitations des commerçants et restaurateurs, en raison du coût bien trop élevé.

Confinée depuis bientôt trois semaines, la France compte désormais cinq millions de salariés en chômage partiel. Dans le même temps, de nombreux commerçants et restaurateurs, dont l’activité est jugée non-indispensable doivent maintenir leur rideau fermé. Devant l’ampleur des conséquences économiques, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, demande aux assureurs une mobilisation plus importante.

Mais la mobilisation est déjà "totale", explique ce lundi sur RMC Stéphane Penet délégué général adjoint de la Fédération française de l’assurance, qui ajoute que chaque jour, les assureurs reçoivent 30 à 40.000 déclarations de sinistres en cette période de pandémie. Et si le nombre de sinistres comme les accidents de la route ont fortement baissé ces derniers temps, d’autres ont fait leur apparition:

"Les indemnités journalières avec les gens en chômage partiel ont explosé. Nous sommes dans le même flux de sinistres qu’avant la crise. Nous sommes dans une situation inédite. Il y a de nombreux chantiers à l’arrêt, où nous avons dû aménager les assurances vandalisme et vols", explique Stéphane Pénet.

Et de citer également les assurances liées au personnel médical dans des logements qui ne sont pas les leurs et qui ont demandé à étendre les garanties, ainsi que celles liées aux déplacements professionnels de certains travailleurs, effectués avec leur véhicule personnel. Des extensions qui auraient été faites sans déclarations préalables ni surprime assure Stéphane Pénet.

"Les pertes d’exploitation liées aux pandémies ne sont assurées dans aucun pays au monde"

"Nous avons décidé au nom de la Fédération française de l’assurance d’étendre nos mesures. La plupart de ces mesures sont destinées au TPE. Nous avons décidé de maintenir nos garanties aux TPE concernées par des obligations de fermeture et de participer au fond de garantie mis en place. Nous sommes d’ailleurs le seul secteur privé à avoir participé à ce fond", a lancé le délégué général adjoint de la Fédération française de l’assurance comme une réponse aux demandes du ministre de l’Economie.

Mais pour Philippe, restaurateur à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine, obligé de jeter 200.000 euros de stock de produits frais, les assureurs devraient également couvrir les pertes d’exploitation des TPE. Une tâche impossible financièrement assure Stéphane Pénet:

"Les pertes d’exploitation liées aux pandémies ne sont assurées dans aucun pays au monde car ce risque est 'inassurable'. Si nous devions prendre en charge ces pertes, cela représenterait peut-être plus de 60 milliards d’euros que nous devrions indemniser. Cette somme dépasse l’intégralité des fonds propres des compagnies d’assurances de notre pays. Si nous devions indemniser ces pertes d’exploitation, nous aurions la moitié des sociétés d’assurances de France qui finiraient sur le tapis".

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est dit lundi favorable à la mise en place d'un mécanisme d'assurance mutualisé contre les catastrophes sanitaires, comme l'a proposé le PDG de l'assureur AXA. "Je souhaite qu'on puisse aboutir rapidement sur la définition d'un dispositif de catastrophe sanitaire qui puisse être couvert par les assureurs", a indiqué Bruno Le Maire lors d'une audition par visioconférence devant la commission des Affaires économiques du Sénat. "Mais ça ne pourra s'appliquer évidemment qu'à l'avenir et pas au passé", donc pas à la crise actuelle du coronavirus, a-t-il ajouté. 

Dimanche, le PDG d'AXA Thomas Buberl a plaidé pour la mise en place d'un régime d'assurance capable de répondre à une crise comme celle du Covid-19. "Axa est prêt à prendre l'initiative pour travailler avec l'État français et d'autres États européens afin de créer un régime d'assurance pandémie (...) inspiré de celui qui existe déjà pour les catastrophes naturelles", a dit M. Buberl dans une interview au Journal du Dimanche.

Guillaume Dussourt