Coronavirus et enfants: quels sont les symptômes de la "maladie de Kawasaki" qui inquiètent les soignants?
C'est une alerte prise au sérieux. Des soignants français, italiens et britanniques ont tiré le signal d'alarme en début de semaine: face à la multiplication de cas chez les enfants d'un syndrome inflammatoire rare qui, selon les scientifiques, pourrait être lié à l'épidémie en cours de nouveau coronavirus.
D'après les premiers relevés, ces enfants présentent des symptômes proches de la "maladie de Kawasaki", un "syndrome infantile relativement rare mais bien connu des pédiatres", plus fréquente en Asie qu'en Occident, se manifeste ainsi dans ses formes graves par une inflammation des artères, notamment coronaires, susceptible d'aboutir à un infarctus du myocarde.
Elle se décrit par "des états fébriles, des douleurs abdominales, des troubles digestifs, parfois des éruptions cutanées et un état de choc respiratoire" indique Pr Pierre-Louis Léger, chef du service de réanimation néonatale pédiatrique à l'Hôpital Trousseau de Paris, interrogé par RMC.
Dans certains cas, ils présentent ensuite une "défaillance cardiaque nécessitant un placement en réanimation et des traitements spécifiques", selon le spécialiste, qui indique avoir "reçu trois cas en 15 jours" au sein de son établissement. Ainsi, une vingtaine d'enfants présentant les mêmes symptômes ont été pris en charge dans des hôpitaux parisiens, "majoritairement âgés entre 10 et 15 ans".
"Pas de détresse respiratoire"
Dans le nord de l'Italie, l'une des régions les plus durement touchées par la pandémie en cours, des médecins ont également fait état d'un nombre anormalement élevé de cas sévères de cette pathologie notamment chez des enfants de moins de neuf ans.
La plupart des jeunes malades n'avaient pas d'antécédents notables ou de maladies chroniques. Et surtout, plusieurs d'entre eux ont été testés positifs au Covid-19.
"Ils n'ont pas tous présenté des symptômes respiratoires typiques à la phase initiale. On les voit arriver dans un second temps avec des formes un peu plus frustres qui n'étaient pas décrites chez les enfants: des troubles digestifs, de la fièvre, détérioration de l'état général mais pas de notion forcément de détresse respiratoire" indique le Pr Léger.
Toutefois, ces cas restent rares et l'évolution de la maladie positive. Après un séjour en réanimation et un traitement pour le coeur, tous les jeunes malades de l'hôpital Trousseau par exemple, ont récupéré. Pierre-Louis Léger se veut rassurant: "Les enfants répondent bien aux traitements. A ce jour, aucun patient n'a eu de conséquences graves, mais cela nécessite un suivi et une alerte".
Le ministre de la Santé "inquiet" et "vigilant"
Face à ces nouvelles complications, Olivier Véran a assuré prendre "très au sérieux" l'apparition en France de ces cas, soulignant qu'il n'y avait pas encore assez d'éléments pour faire un lien avec le nouveau coronavirus.
"Je prends ça très très au sérieux. Nous n'avons absolument pas d'explication médicale à ce stade. Est-ce qu'il s'agit d'une réaction inflammatoire qui vient déclencher une maladie préexistante chez des enfants atteints par ce virus ou une autre maladie infectieuse? Il y a beaucoup de questions".
"Je mobilise la communauté soignante et scientifique en France et à l'international pour avoir le maximum de données possibles pour voir s'il y a lieu de faire un lien entre le coronavirus et cette forme qui jusqu'ici n'avait été observée nulle part", a-t-il ajouté, alors que ce nouveau coronavirus ne cesse de réserver de mauvaises surprises.
Interrogé sur la réouverture prévue des écoles à partir du 11 mai, à la lumière de ces nouveaux éléments, le ministre a rappelé que le Covid-19 touchait peu les enfants et que les cas graves concernaient des enfants présentant des maladies sous-jacentes.