Coronavirus: la crise économique qui arrive est-elle comparable à celle de 1929?

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La crise de 1929, c’est la plus grave du 20e siècle, plus grave que la crise financière de 2008, plus grave que la crise pétrolière de 1974. C’est l’histoire d’un krach à la Bourse de New York le jeudi 24 octobre 1929. Le jeudi noir.
Dans la foulée, un millier de banques américaines ont fait faillite, puis des dizaines de milliers d’entreprises. L'Amérique découvre le chômage de masse, la misère, la violence. La crise gagne l'Europe et va durer 10 ans. Avec pour conséquence, la montée du nazisme en Allemagne et la Seconde Guerre mondiale.
Pour autant, il ne faut pas comparer 2020 et 1929. L’époque n’est pas la même, le facteur déclenchant n’est pas le même. Une épidémie aujourd’hui, une bulle financière qui éclate en 1929.
Utiliser la comparaison avec les années trente, c’est surtout une façon d’annoncer la gravité de la crise à venir. Bruno Lemaire, mardi, estimait que les répercussions sur l’économie seront identiques à celles des deux guerres mondiales. La vérité, c’est que l’économie mondiale est à l'arrêt comme elle ne l’a jamais été dans l’histoire du capitalisme. Qu’on ne sait pas combien de temps cela va durer, que personne ne sait quand ni comment on sortira de la crise.
Des secteurs entiers totalement sinistrés
Des secteurs entiers sont totalement sinistrés. Dans le secteur de l’automobile, toutes les chaînes de production européennes sont à l'arrêt. 229 usines sont fermées. En temps normal, l'Europe produit 320.000 voitures par semaine. Cette semaine? Zéro voiture. Aucune production et aucune vente. Qui a la tête à aller s’acheter une voiture? Et l’industrie automobile en Europe c’est 13 millions d’emplois directs et indirects.
Prenons le transport ferroviaire. Un jour normal, la SNCF fait circuler 750 TGV. Désormais combien vont circuler? 40 seulement, les trains sont à l'arrêt.
Côté transports aériens, on a cru que le secteur allait perdre en février 30 milliards de dollars au niveau mondial. Puis la prévision a été revue. Plutôt 113 milliards de dollars. Et finalement maintenant on parle de 252 milliards. Du jamais vu dans l’histoire de l’aviation. Des dizaines de compagnies risquent de faire faillite. Alitalia est en grand danger. Air France devra peut-être être nationalisé. L'Américaine Delta Air Lines s’est déjà séparé de 10.000 salariés. Les cadres dirigeants ont divisé leur salaire par deux jusqu’en juin. Le PDG a renoncé à toute rémunération pendant 6 mois.
En France les PME, les libéraux, les artisans, les commerçants sont en grande difficulté. Les chantiers sont à l'arrêt. Les taxis ne travaillent plus. L'aéroport d’Orly ferme complètement la semaine prochaine. Les restaurants, les bars, les commerces font zéro de chiffres d’affaires depuis le 15 mars. Les vendeurs sur les marchés ont appris lundi que c’était terminé et qu’il pouvait jeter ou donner tout leur stock.
La banque Natixis estime que l’économie française fonctionne à 25% de ses capacités. Comme un moteur qui tournerait sur un seul piston. Pour l’instant, l‘Etat assure qu’il ne laissera aucune entreprise disparaître, "quoi qu’il en coûte", on connaît la formule. Objectif : zéro faillite, zéro chômeur.
750.000 salariés au chômage technique
750.000 salariés sont déjà au chômage technique et ce n’est qu’un début. Des prêts automatiques et sans formalité pour les entreprises. Le droit de ne plus payer ses factures et son loyer. L’Etat va essayer de tenir l’économie à bout de bras. Et personne ne peut dire combien de temps cela tiendra.
Aux Etats-Unis, Donald Trump annonce une catastrophe. Pour le milliardaire capitaliste, c’est son monde qui est en train de s’effondrer. En temps normal, Trump s’exprimait par tweet, désormais il fait des interventions à la télévision et il dit un peu tout et son contraire. Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il annonce une récession terrible. Il pense que la crise économique fera plus de morts que le coronavirus, notamment à cause d’une possible augmentation massive des suicides.
C’est pour cela qu’il voudrait que le confinement ne dure pas plus que deux semaines, et s'arrête à Pâques. D’un point de vue sanitaire, les experts lui disent que c’est impossible. Mais du point de vue de Trump, c’est l'arrêt de l’économie qui est absurde, dangereux et mortel.
Un chiffre sur la crise aux Etats-Unis. Le chômage qui était à 4% avant l'épidémie va bientôt atteindre 30% d'après les prévisions de la réserve fédérale. En 1929, le chômage avait touché 25% des Américains. La comparaison entre les deux crises est donc possible.