Dépression, pensées suicidaires... Curacné, un traitement contre l’acné dangereux?

C’est une mère endeuillée après le suicide de son fils de 18 ans qui a alerté la rédaction de RMC (rmcavecvous@rmc.fr) sur la dangerosité du Curacné, un générique du médicament contre l’acné Roaccutane. Une molécule, appelée isotrétinoïne, est en cause, car elle peut provoquer de graves effets secondaires: malformation fœtale, fatigue, troubles digestifs, mais aussi symptômes dépressifs. Quentin en a, lui aussi, été victime.
“J’ai commencé à avoir une angoisse très forte, des tremblements, une insomnie quotidienne. Le 6 avril 2021, j’ai eu des pensées suicidaires pour la première fois de ma vie. Puis c’est allé très vite. En une journée, je suis passé à l’acte. Je ne pouvais plus vivre. Il fallait que je me suicide”, raconte le jeune homme.
Dans son rapport psychiatrique, le lien entre le Curacné et sa tentative de suicide est établi. Aujourd’hui, il veut porter plainte, avec d’autres victimes, contre le laboratoire Pierre Fabre qui commercialise le médicament.
Des effets secondaires qui touchent de nombreux patients
Quentin n’est donc pas la seule victime. Elles sont 2.400 en France réunies sur Facebook et décrivent toutes un manque de prévention et d’accompagnement pendant et après le traitement.
Le laboratoire Pierre Fabre, contacté par la rédaction, assure que le lien entre le traitement et les cas de dépression n’a pas été formellement prouvé. Pourtant, ces risques apparaissent bien sur la notice et l’entreprise dit faire de la prévention sur le sujet. L’année dernière, 32 patients sous Curacné ont signalé un trouble psychiatrique en France.
“J’estime que j’ai eu la chance de survivre, donc je dois témoigner contre ce traitement, pour qu’il n’y ait plus de victimes en France ou ailleurs”, poursuit Quentin.
Ce que disent les autorités de Santé sur ce traitement
L’Agence nationale de sécurité du médicament surveille de près cette molécule et le laboratoire Pierre Fabre est tenu de rendre un rapport annuel. En 2021, l’ANSM a même auditionné d’anciens patients. Mais à ce jour, l’agence trouve plus de bénéfices que de risques au Curacné.
Ce traitement est réservé à des patients qui souffrent d’une acné sévère et pour lesquels les médicaments moins forts n’ont pas fonctionné. Pourtant, dans la majorité des témoignages recueillis par RMC, Curacné a été prescrit un peu vite et sans accompagnement. La rédaction a donc alerté l’ANSM, la direction générale de la Santé ainsi que la société française de dermatologie. Et nous continuerons à accompagner Quentin et les autres victimes dans leurs démarches.