Entre espoir et prudence: comment juger la baisse du nombre d'hospitalisations pour la première fois depuis le confinement?

La baisse du nombre d'hospitalisations dues au coronavirus en France, pour la première fois depuis le début du confinement entré jeudi dans son 31e jour, suscite l'espoir, à moins d'un mois de l'allègement des restrictions, sur lequel planent de nombreuses incertitudes.
Le milieu médical reste cependant prudent sur l'évolution de l'épidémie qui a fait 17.167 morts dans le pays depuis début mars, 10.643 à l'hôpital et 6.524 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux, sans compter les décès à domicile.
Si le bilan dans les maisons de retraite ne faiblit pas, le léger mieux en hôpital semble se confirmer: le nombre de patients hospitalisés a diminué pour la première fois depuis début mars, avec 513 personnes de moins depuis mardi, même si près de 31.800 malades restent à l'hôpital.
Plus probant encore, le solde des entrées et sorties en réanimation -- indicateur scruté par les spécialistes -- est négatif depuis sept jours: 6.457 personnes nécessitaient des soins lourds dans ces services mercredi soir, soit 273 de moins que mardi.
"Grâce aux sorties, qui sont nombreuses, c'est donc la première baisse et il faut la saluer tout en restant très prudent et en attendant la suite de l'évolution de l'épidémie, notamment les prochains jours" a prévenu Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé.
"C'est le signe que les mesures prises permettent de diminuer le nombre de complications. Il faut que nous descendions beaucoup plus significativement pour aller dans une zone de sécurité relative" plaide Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins sur RMC.
Un déconfinement sous condition
Pour le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, il faudra conserver "dans les semaines et les mois qui viennent ces mesures barrières, ces gestes assez peu naturels de distanciation physique et sociale, pour protéger en permanence les personnes les plus vulnérables". Près de 18 millions de personnes à risque devront rester confinées, a prévenu le Pr Delfraissy, le président du Conseil scientifique, devant la commission des lois du Sénat.
Il estime également que le déconfinement, prévu le 11 mai, devra être reporté si des conditions indispensables, notamment un nombre suffisant de tests de dépistage et la mise en place d'un système de traçage des contacts des nouveaux cas identifiés, ne sont pas réunies.
"Il faut donc encore plus qu'avant et avec beaucoup plus de fermeté appliquer l'ensemble des dispositions" insiste pour sa part Patrick Bouet.