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Faut-il interdire la cigarette électronique? Ça fait débat sur RMC

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Elles sont considérées comme une alternative au tabac dans certains pays mais d’autres s’en inquiètent ouvertement. C’est le cas de l’Inde, grand producteur de tabac, qui les interdit totalement depuis hier. C’est le cas aussi des Etats-Unis, où deux états viennent de prendre des mesures radicales.

Les Etats-Unis sont doublement inquiets. Déjà parce que sept américains sont morts récemment de maladies pulmonaires aigües après avoir vapoté.

Et puis parce aussi parce que 4 élèves sur 10 en classe de terminale vapotent à New-York. Voilà pourquoi l’état américain interdit depuis cette semaine la vente de tous les liquides aromatisés, comme les goûts menthol ou fraise, qui pourraient tenter les mineurs.

La France devrait suivre cet exemple, selon Michèle Rivasi, eurodéputée Europe Ecologie Les Verts:

"On n'est pas assez draconiens, on n'est pas assez revendicatifs, on ne demande pas assez de comptes sur les fabricants de cigarettes électroniques. Je ne demande pas une interdiction, je demande une traçabilité, une évaluation et une interdiction sur les arômes. Utilisés dans la cigarette électronique, c'est quelque chose qui peut provoquer l'addiction".

Ces cigarettes électroniques sont "incontestablement nocives" dit haut et fort l’Organisation Mondiale de la Santé. Elles ne sont pas interdites en France: 1,5 million de personnes s’en servent quotidiennement.

La réglementation sur les liquides de vapotage est très stricte chez nous. Des pneumologues et anesthésistes collaborent en ce moment avec Santé Publique France pour créer un outil d'alerte qui référencera tous les cas suspects d'intoxication lié à la cigarette électronique. Les seuils de concentration en nicotine sont par exemple beaucoup plus plus faibles qu'aux Etats-Unis: 20 mg par ml contre 50. 

Autre élément-clé: "Dans les cas survenus aux États-Unis, il y avait du CBD, un dérivé du cannabis", précise par ailleurs le docteur Marion Adler, médecin-tabacologue à l’hôpital Antoine Beclère à Clamart sur RMC. 

"Un produit utile qui réduit le risque chez un certain nombre de fumeurs"

Mais il ne faut pas céder au vent de panique assure l’épidémiologiste Gérard Dubois:

"Il est inutile de s’énerver en France, c’est un produit utile qui réduit le risque chez un certain nombre de fumeurs et qui leur permet d'arrêter la substance la plus dangereuse qui soit, c’est-à-dire la cigarette tabac. La cigarette électronique, c'est un pistolet à bouchon comparé à un canon de marine qui est la cigarette tabac. Tout le monde est d'accord pour dire que la cigarette électronique est moins dangereuse chez le fumeur. Mais c'est un produit qui n'est destiné qu'au fumeur et ne doit pas être utilisé en dehors de cette indication".

Faut-il interdire la cigarette électronique: la réponse est non en Grande-Bretagne qui en fait carrément la promotion, au contraire de l’Inde qui les interdit depuis mercredi... pour protéger sa puissante industrie du tabac.

En France, on estime qu'entre 2010 et 2017, 700.000 personnes ont arrêté de fumer avec l'aide de la cigarette électronique.

Quentin Vinet