Grève dans les hôpitaux publics: "Aujourd'hui, on vient travailler avec la boule au ventre"
L'hôpital public est à bout. Infirmiers, aides-soignants mais aussi agents administratifs dénonceront de nouveau le "malaise" régnant dans les hôpitaux publics, sommés d'économiser l'équivalent de 22.000 postes sur la période 2015-2017 et qui devront réaliser 1,6 milliard d'euros d'économies en 2018.
Le mouvement a pris une autre envergure depuis les drames de Rennes et de Reims ces dernières semaines: deux patientes sont décédées dans les couloirs de l'hôpital, après avoir attendu des heures une prise en charge.
Lettre ouverte à Agnès Buzyn
Mardi déjà, une trentaine de médecins hospitaliers étaient rassemblés devant le ministère de la Santé, pour réclamer une rencontre avec la ministre Agnès Buzyn à laquelle ils ont adressé une lettre ouverte dénonçant une "maltraitance" de l'hôpital public.
Au CHU de Strasbourg aussi, les urgentistes n'en peuvent plus: "Ce week-end, il y avait 10-12 camions dehors, garés un peu partout. Pompiers, ambulances privées… Un jeune homme est arrivé à 14h et on a seulement pu l'installer à 23h en zone d'urgence sur un brancard", raconte Jean-Baptiste, infirmier. Il avoue craindre le pire: "Un patient dans un couloir, qui peut être peut mourir comme c'est déjà arrivé, comment l'infirmier peut réagir?"
"On a oublié la bienveillance"
Au CHU de Strasbourg, le personnel s'est majoritairement mis en grève, une première dans cet hôpital. Ultime solution parce qu'à la fin de leur journée: "On est soulagés de sortir de cette jungle. Il y a quelques années quand j'ai commencé, c'était un bonheur de venir, maintenant on vient avec la boule au ventre", lâche Jean-Baptiste.
Les médecins, les infirmiers, les administratifs, le mouvement est unanime dans ces urgences. "C'est dû à la gestion de l'hôpital comme une entreprise qui fait qu'aujourd'hui, on a oublié le patient, on a oublié la bienveillance. L'hôpital, c'est un des piliers de la république et aujourd'hui, on se retrouve à le détruire", Christian Prud'hommme représentant FO.
Pas de revendication salariale ici, juste du temps, des lits supplémentaires, et quelques collègues en plus.