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Interdiction de tomber malade: "Un arrêté farfelu pour soulever un problème grave"

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Dans la Nièvre, les habitants ont l'interdiction de tomber malade cet hiver. Une interdiction formalisée par un décret officiel publié dans une vingtaine de communes du département. Si cela prête à sourire, les élus entendent surtout alerter les pouvoirs publics sur le manque de médecin.

Plusieurs communes de la Nièvre ont pris un arrêté pour interdire de tomber malade face à la situation catastrophique des urgences dans le département. Les maires d'une vingtaine de communes ont signé ces arrêtés pour dénoncer, avec humour, la désertification médicale.

La Nièvre compte 68 médecins pour 100.000 personnes, ne compte aucun dermatologue, et a un seul rhumatologue ainsi qu'un unique allergologue. Inadmissible pour ces élus, alors que le département compte 200.000 habitants.

L'article 1 interdit formellement aux habitants de tomber malade ou d'avoir un accident, l'article 2 les oblige à rester en bonne santé en mangeant par exemple des légumes.

“Le fait de prendre un arrêté qui est complètement farfelu, c’est pour soulever un problème grave”, assure Christian Perceau, le maire de Montigny-aux-Amognes.

Le but est notamment de dénoncer les fermetures des services d'urgence et le manque de médecins. Le maire de cette commune de 600 habitants n'a pas hésité à afficher cette consigne insolite. “On se sent totalement démuni. Les généralistes ne prennent plus de patients. C’est un département qui n’a plus de dermatologues. C’est quand même un lourd handicap. Tout ça va se casser la figure”, dénonce-t-il.

La ministre de la Santé interpellée

Dans la Nièvre, les habitants doivent régulièrement faire deux heures de route pour consulter à Dijon ou à Clermont-Ferrand. Il est urgent d'agir, abonde le docteur Thierry Brosset, médecin généraliste dans le secteur.

“A l’hôpital, les urgences sont régulièrement fermées. L’accessibilité aux soins est quand même compliquée. Des cardiologues qui s’en vont, qui ne sont pas remplacés, des cabinets qui ferment sans successeur... Moi, ça fait 30 ans que je suis installé dans Nièvre et je vois que ça se dégrade très fortement depuis un an”, déplore-t-il.

Les élus de la Nièvre ont aussi écrit à la ministre de la Santé pour dénoncer cette situation catastrophique.

Nicolas Ropert avec Guillaume Descours