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La légalisation de l'euthanasie ne va pas régler le problème du mal-mourir en France

156 députés appellent à légiférer en faveur de l'euthanasie en 2018. Pour Bernard Devalois, responsable d’un centre de recherche sur la fin de vie, il faut surtout davantage de moyens pour les unités de soins palliatifs.

Dans une tribune au Monde, 156 députés appellent à légiférer en faveur de l'euthanasie en 2018 afin de "donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps".

Pour Bernard Devalois, médecin et directeur du Centre de recherche et d'enseignement interprofessionnel bientraitance et fin de vie, une nouvelle loi serait inutile: "Les députés ont au moins raison sur un point: on continue à mal mourir en France et on ne changera pas ça avec la loi". Le médecin plaide pour davantage "de moyens attribués aux professionnels de santé" car "bien mourir, c'est mourir sans souffrance comme le dit la loi de 2016", estime-t-il.

"On voit des situations de personnes en fin de vie qui sont inacceptables"

"Aujourd'hui, au quotidien, on voit des situations de personnes en fin de vie qui sont inacceptables, qui me mettent en colère. On a les moyens de soulager la souffrance mais nos collègues professionnels de santé souvent ne sont pas assez formés", constate Bernard Devalois.

Le médecin dénonce une forme d'hypocrisie: "On nous dit qu'il faut développer les soins palliatifs mais dans mon service, on vient de supprimer trois postes d'aides-soignants. Ce n'est pas comme ça qu'on va améliorer la fin de vie. Dans la région Occitanie, l'agence régionale de santé vient de réduire d'un quart les crédits pour les équipes mobiles de soins palliatifs. Ce sont sur ces chantiers-là que je lance un appel aux députés: on doit bosser ensemble. On ne va pas être dans une posture idéologique comme si légaliser les injections létales allaient régler le problème du mal-mourir en France".

P.B.