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"Le dentiste n'était jamais là": une assistante dentaire pose un bridge... et il faut tout refaire

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RMC s’engage aux côtés de Sylvie, victime d’un cabinet dentaire peu professionnel. Cette dernière a dû payer 2.700 euros de sa poche après une opération mal réalisée.

Sylvie a contacté “RMC s’engage avec vous”. Il y a trois ans, elle a dû se faire poser deux prothèses dentaires, des bridges. Elle vit à Bordeaux, mais choisit le cabinet Odento, à Paris, qui propose des tarifs raisonnables. Le premier bridge est posé par le dentiste… Mais pas le second.

"L’assistante m’a dit qu’elle pouvait le faire"

“J’ai eu beaucoup de mal à voir le dentiste. On me faisait venir, puis le rendez-vous n’était pas honoré. Le bridge n’arrivait pas, lui n’était jamais là… Et finalement, un jour, l’assistante m’a dit qu’elle pouvait le faire. Je lui ai demandé si elle était habilitée à faire cela, elle m’a répondu qu’il fallait bien faire quelque chose, puisque le médecin n’était pas présent”, témoigne Sylvie.

Mais une assistance dentaire n’est pas autorisée à poser une prothèse. À peine deux ans plus tard, le bridge de Sylvie tombe. Et le dentiste, lui, a disparu.

Elle a donc dû tout recommencer à ses frais, en urgence, avec un nouveau docteur. Coût de l’opération: 2.700 euros. Depuis, Sylvie cherche à se faire rembourser, sans succès. C’est une grosse somme pour cette infirmière retraitée qui vit avec 1.400 euros par mois.

RMC a enquêté pour retrouver le dentiste

Le cabinet Odento, dans lequel il exerçait, a déménagé. La rédaction s’est donc rendue sur place. La directrice, fraîchement arrivée, nous confie que de nombreux patients se sont plaints de ce docteur.

Il ne travaille d’ailleurs plus dans le centre depuis un an et demi. Mais RMC a retrouvé sa trace. Il a passé les six premiers mois de l’année dans un autre cabinet, avant de disparaître à nouveau cet été.

Et lorsque nous avons demandé au Conseil national de l’Ordre des chirurgiens-dentistes s’il exerçait toujours, ils ont refusé de nous répondre.

Quelle solution pour Sylvie?

Le cabinet Odento affirme que c’est à l’assureur du dentiste de rembourser. RMC l’a contacté, il répond que c’est à l’assurance du cabinet de s’en charger…

La rédaction poursuit les démarches aux côtés de Sylvie, l’affaire n’est pas encore résolue, mais on ne lâche rien.

L’exemple de Sylvie est emblématique du développement de ce type de centres dentaires… Ils sont pratiques, rapides, et affichent souvent des tarifs attractifs, mais les dérives existent.

“Si on vous explique qu’il va falloir arracher davantage de dents que ce que qui était prévu, si on essaye de vous vendre un sourire parfait, si on essaye de vous vendre des implants et des prothèses plutôt que des soins et des traitements, il faut se méfier”, explique Abdel Aouacheria, vice-président de l'association de défense des patients La Dent Bleue.

Selon l’Observation de la mobilité sociale, près d’un Français sur trois a renoncé à se faire soigner les dents ces deux dernières années.

Amélie Rosique, Solène Leroux et Guillemette Franquet