"Le problème ce n’est pas de prendre un apéro-live, c’est d'en prendre beaucoup": un médecin s'inquiète de la multiplication des apéros-internet pendant le confinement
C’est la nouvelle mode depuis le début du confinement. Se retrouver entre amis devant sa webcam pour un apéro-vidéo. Plusieurs applications vous permettent d’échanger en live et en vidéo avec vos amis tels que Skype, Whatsapp, mais aussi d’autres, bien moins connues, mais qui connaissent une ascension fulgurante comme Zoom, ou encore House Party. Cette dernière réunit déjà 20 millions d’utilisateurs. Elle permet de jouer en ligne avec ses amis et en appel vidéo.
Et ces apéros-live donnent de l’inspiration. Dans les Vosges, un groupe d’amis organisent depuis le début du confinement des apéros-internet déguisés. Il y a déjà eu plusieurs thèmes tels que le ski, les super-héros, ou encore la Saint-Patrick.
Il y a également eu des idées d’apéros-skype géants qui ont été lancées dans plusieurs villes dont Strasbourg ou encore Rennes. Et ces apéros-vidéo tout le monde s’y est mis, même les stars. Une vidéo d’un apéro entre les deux tennismen Benoît Paire et Stanislas Wawrinka a été diffusé.
Alors si ces moments sont conviviaux et sympathiques, il ne faut pas en abuser. Pour le Docteur Bernard Basset, président de l'ANPAA l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, ce type d’apéros n’est pas une mauvaise chose tant que cela reste occasionnel.
“On sait très bien que l’alcool sert à évacuer le stress, c’est un anxiolytique. Donc ce n’est pas tellement étonnant qu’il y ait ce genre de phénomène. On a tous besoin de lien social, de rigolade. Le problème ce n’est pas qu’on prenne un apéro par Skype, c’est qu’on en prenne beaucoup. Je pense que même dans cette période, il faut penser qu’il ne faut pas prendre de trop mauvaises habitudes. Il faut essayer de garder une consommation raisonnable”, explique-t-il.
Contre la prohibition
Il estime que cette période de confinement peut effectivement être propice à une augmentation de la consommation d’alcool notamment à cause du manque de stimulation.
“Il y a effectivement le problème du désœuvrement, d’ennui quand on est confiné à son domicile, surtout si on est seul. C’est d’autant plus important de se prévoir un emploi du temps. La meilleure solution pour casser l’ennui, c’est aussi de réactiver son réseau amical, familial, de prendre des nouvelles de ses proches. Tout le monde est content de recevoir des coups de fil. La convivialité même par téléphone permet de lutter contre des risques de dépendance”, affirme le docteur.
Pour lutter contre les abus, mais aussi contre les violences conjugales qui se multiplient sous l’effet de l’alcool, un préfet avait décidé de totalement interdire les ventes d’alcool. Il a dû revenir sur sa décision après un énorme tollé.
“Nous, on n'est pas favorable à la prohibition. Il est vrai qu’il y a des personnes qui sont confinées à domicile et qui sont dépendantes à l’alcool. Mais avec la prohibition, ce serait provoquer un sevrage brutal chez ses personnes et ça peut avoir des conséquences très graves sur leur santé”, indique le Docteur Bernard Basset.