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Les buralistes accusés de vendre des cigarettes aux mineurs: "Nous ne sommes pas irréprochables mais piéger, c'est trop facile"

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Les buralistes sont pointés du doigt, accusés de vendre trop facilement du tabac aux mineurs en dépit de la loi. Les professionnels assurent avoir travaillé sur la question, même s'ils reconnaissent ne pas infaillibles.

Le tabac pour les moins de 18 ans, c'est interdit. Et pourtant, 95% des mineurs fumeurs sont parvenus à acheter des cigarettes dans les bureaux de tabac ces 12 derniers mois, selon une étude du Comité national contre le tabagisme (CNCT) publiée ce jeudi.

C'est le cas de Victor, 17 ans, qui fume deux paquets par mois depuis la seconde et n'a jamais eu de problèmes pour s'en procurer: "Peu importe le tabac, il fournira toujours, il me passe le paquet, prend l'argent et c'est tout". La manoeuvre est tout aussi simple pour Maria, élève de terminale. Elle sait pourtant que les buralistes ont interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs: "Même une personne qui va avoir une tête d'enfant, ils ne vont pas poser de question", assure-t-elle à RMC.

Eric tient un bureau de tabac à Paris en face d'un collège. Quand un jeune lui demande des cigarettes, la vérification d'identité est systématique, assure-t-il. Avant de reconnaître que certains passent entre les mailles du filet: "Parfois, des jeunes qui ont 17 ans en paraissent 22. Dans le flux, quand il y a du monde, on ne fait pas attention et après avoir vendu, on se dit que la personne n'était pas majeure", reconnaît-il.

Huit buralistes sur dix n'ont jamais refusé de vendre à des mineurs

D'après l'étude menée par le Comité national contre le tabagisme. Huit buralistes sur dix n'ont même jamais refusé de vendre aux mineurs fumeurs ces 12 derniers mois. "On préconise la mise en place d'un mécanisme automatisé pour contrôler l'âge du client et d'identifier si c'est un mineur", assure Emmanuelle Béguinot, directrice du CNCT.

Car les buralistes ont une responsabilité dans le tabagisme chez les jeunes, pointe le CNCT, alors qu'actuellement, 18% des mineurs fument. "Je suis fatigué de ces sondages dont on ne connaît même pas les critères et l'échantillonnage", peste ce vendredi sur RMC et RMC Story Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes.

"J'en ai ras-le-bol de ces associations subventionnés par de l'argent public qui passent leur temps à critiquer, piéger, sans proposer de solutions. Nous ne sommes pas irréprochables, mais piéger aujourd'hui, c'est trop facile", ajoute-t-il très remonté.
L'invité de Charles Matin : Tabagisme des mineurs, les buralistes  trop laxistes ? - 22/03
L'invité de Charles Matin : Tabagisme des mineurs, les buralistes trop laxistes ? - 22/03
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"Nous prenons notre part tous les jours"

Philippe Coy l'assure, les buralistes sont "des commerçants responsables", formés aux enjeux actuels, des jeux d'argent au tabac en passant par la vape. "On a pris notre responsabilité, on a créé un module de formation parce qu'on sait qu'on n'est pas irréprochables, mais à force de nous critiquer et nous piéger, ces gens n'amènent jamais de solutions", tacle-t-il.

Le président de la Confédération des buralistes accuse ces associations d'être à l'origine de l'éclosion du marché parallèle et de ne jamais s'en prendre aux réseaux sociaux. Et appelle à "travailler ensemble" pour arrêter "de stigmatiser et diviser".

Philippe Coy alerte aussi sur les risques que prennent les buralistes en contrôlant l'identité des acheteurs de cigarettes. "Est-ce que le buraliste doit se faire défoncer la gueule car il demande une pièce d'identité? Peut-être qu'on a été laxiste il y a quelques années, mais nous prenons notre part de responsabilité tous les jours", insiste-t-il.

Kévin Gasser avec Guillaume Dussourt