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"Les médecins ne connaissent pas la pathologie": des patients obèses victimes de grossophobie

L'obésité est une maladie chronique qui touche plus 22% des adultes en France selon l'OMS. Ces malades sont souvent victimes de préjugés, notamment de la part de leur médecin. Selon le Collectif national des associations d'obèses, la moitié des professionnels de la santé feraient preuve de grossophobie.

C'est une maladie chronique répandue, mais les malades sont souvent victimes de préjugés: l'obésité touche plus de huit millions de personnes en France, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, cette pathologie est méconnue, notamment des professionnels de santé.

"L’obésité, c’est une maladie chronique qui est liée à une multitude de facteurs. C’est ça qui est compliqué et qui met en difficulté nos soignants. On n’a pas un traitement pour la soigner, on n’a pas la gestion d’un seul organe, c’est vraiment une maladie plurifactorielle", explique Julie Capelle, diététicienne et nutritionniste.

De lourdes conséquences

Le problème, c'est que ce manque de connaissances a parfois de lourdes conséquences sur le comportement de certains professionnels de santé.

"Que ça soit pour les yeux, chez le gynécologue ou encore chez le phlébologue, on me parle de mon poids. Je n’ai pas l’impression qu’on soit à l’écoute. Quel que soit le problème, il y a toujours le poids dedans", déplore Sandrine, rencontrée par RMC.

A la fin du mois du mois de février, elle s'est rendue chez un endocrinologue car elle avait repris du poids. "Direct, il m’a braquée en me disant que je n’avais pas pris conscience de mon poids, que je risquais un AVC ou une artère bouchée", explique-t-elle.

Choquée du comportement du médecin, Sandrine reste silencieuse pendant 15 minutes, avant de lui expliquer ses antécédents médicaux. C'est à ce moment-là que le médecin prend conscience de ses mots et s'excuse, mais c'était déjà trop tard, elle n'y retournera pas.

"On vous enlève le droit d'exister"

Les associations recueillent chaque année des centaines de témoignages de patients se sentant victimes de grossophobie. Comme d'autres, Sandrine regrette d'être réduite à son indice de masse corporel (IMC), ce calcul qui permet d'estimer la corpulence en fonction du poids et de la taille.

“Quand on vous prend la réglette de l’IMC et que vous êtes à plus de 100, alors que ça s’arrête à 70, on vous dit 'vous n’existez pas, vous n’êtes pas sur ma réglette'. [...] On vous enlève le droit d’exister en tant qu’individu à part entière", ajoute Sandrine.

Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses, réclame donc une meilleure formation des médecins et que l’obésité soit reconnue comme une maladie chronique.

"Ils ne connaissent pas la pathologie. [...] Les professionnels de santé sont démunis à nous prendre en charge", explique-t-elle. Au-delà de ces difficultés, il y aurait des stéréotypes liés au poids. "Ils sont en partie grossophobes à 53%, d’après une étude faite par le Dr Epin sur une cohorte de 1.800 médecins", affirme-t-elle sur RMC.

Ameline Lavechin (édité par AB)