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Mesures sur la santé mentale à l'école: "C'est mieux d'en parler avec quelqu'un qui a notre âge"

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Les collégiens et lycéens seront bientôt sensibilisés à la santé mentale, afin de pouvoir mieux repérer et aider leurs camarades qui pourraient être en souffrance. L'objectif: promouvoir "l'entraide entre pairs".

Face à un système qui "ne répond plus aux besoins des élèves" en termes de santé et le bien-être à l'école, la ministre de l'Education nationale Élisabeth Borne a appelé à sa "refondation ambitieuse" à l'occasion des Assises de la santé scolaire à Paris, mercredi.

Parmi les mesures annoncées, les compétences psychosociales seront développées chez les élèves, en étant intégrées au programme du socle commun de la maternelle à la troisième à partir de la rentrée 2026. L'objectif: promouvoir "l'entraide entre pairs". Une expérimentation sera menée auprès des collégiens.

Avoir des élèves référents à qui il pourrait se confier, Shahine est pour: chaque jour, aller au lycée est une épreuve pour lui. "Je peux m'endormir en cours, faire des crises d'angoisse..." Difficile pour lui d'en parler: "J'essaie de faire bonne figure, de ne pas parler de mes problèmes, que les gens ne le voient pas", confie-t-il au micro de RMC.

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Adama, elle, se dit prête à se porter volontaire. "C'est mieux d'en parler avec quelqu'un qui a à peu près notre âge, parce qu'il peut mieux comprendre que les personnes âgées...". Mais pour la lycéenne, il faut une formation: "Numéros d'urgence, comment parler, être à l'écoute, avoir les mots justes..."

Cette formation se fera sur la base du volontariat avec une priorité donnée aux élèves membres des conseils de la vie lycéenne, comme ils l’ont eux-mêmes suggéré lors du dernier Conseil national de la vie lycéenne.

"Recueillir la souffrance, c'est parfois douloureux"

Attention aux répercussions sur les élèves prévient cependant Gwenaëlle Durand, infirmière scolaire et secrétaire générale du syndicat Snes-Unsa. "Recueillir la souffrance d'un élève, à 15 ou 16 ans, c'est parfois douloureux", met-elle en garde.

Mais si les élèves volontaires sont correctement formés, plus il y a de personnes pour repérer les élèves en détresse et plus l'accompagnement sera efficace, souligne-t-elle.

Élisabeth Borne a insisté sur la prise en charge de la santé mentale, définie comme "une priorité nationale", indiquant qu'une lycéenne sur trois a eu des pensées suicidaires ces 12 derniers mois. 

Les syndicats critiquent des mesures "étriquées"

La ministre a aussi annoncé que dès la rentrée 2026, tous les élèves de six ans devront bénéficier d'une "analyse personnalisée de leur situation de santé". La visite médicale ne concerne aujourd'hui que 20% des élèves de cet âge. Autre mesure: dès juin 2025, les élèves en fragilité pourront bénéficier d'un système de "coupe-file" pour accéder en priorité aux centres médico-psychologiques.

Les syndicats Snics-FSU (infirmières), Snuas-FP FSU (assistants sociaux), Snes-FSU (principal syndicat enseignant du secondaire) et FSU-Snuipp (premier degré) ont regretté des "mesures étriquées" et des "réponses inadaptées".

Cassandre Braud avec LM