"On tient les services": pourquoi les "Padhues", ces médecins étrangers, vont manifester ce mercredi

Rassemblement ce mercredi 12 février des "Padhues", les "praticiens diplômés hors Union européenne". Ils se rassemblent à partir de 13h30 à Paris face aux Invalides et marcheront jusqu'au ministère de la Santé pour protester contre des "suppressions injustifiées" de postes.
Ces médecins doivent passer un concours pour pouvoir être titularisés et inscrits à l'Ordre des médecins. Le concours est passé, les résultats sont tombés. Mais alors que 4.000 postes étaient ouverts, 3.235 candidats ont été admis au concours sur liste principale, chiffres du ministère de la Santé publiés mercredi dernier.
Ces médecins dénoncent un mépris de l'Etat pour des médecins "indispensables au fonctionnement de nos services de santé". Depuis 5 ans qu'il est en France, Abdelhalim Bensaidi vit de contrats courts et d'incertitudes dans les hôpitaux d'Alsace puis en région parisienne, en diabétologie.
“On est 5 Padhues sur 7 médecins... On tient le service, une partie de tous les patients de l'hôpital. On a des contrats précaires, des CDD d'un an renouvelables. C'est pesant dans la vie quotidienne. On se pose toujours la question: qu'est-ce qu'on fait? Qu'est-ce qu'on va faire de nos patients?”, indique-t-il.
Des médecins prêts à démissionner pour se faire entendre
Son stéthoscope toujours autour du cou, il dénonce les résultats du concours de cette année qu'il manque de peu. Des postes annoncés ouverts puis supprimés. 563 lauréats sur 820 postes ouverts initialement en médecine générale, chiffre la CGT. “Ils vont probablement nous proposer d'autres contrats encore plus précaires pour nous sous-payer et nous garder en précaire pour repasser le concours. Je suis en colère”, appuie-t-il.
Les yeux humides, le père de famille rappelle la promesse du président Emmanuel Macron, l'an dernier, de sécuriser la situation des médecins étrangers.
“Des centaines de Padhues sont prêts à démissionner le même jour s'ils ne sont pas écoutés. Si ça ne bouge pas, on va quitter l'hôpital. On s'est engagé devant nos patients, on les soigne depuis des années mais le gouvernement ne s'engage pas face à une population en manque de soins, de soignants”, dénonce-t-il.
Amer, le médecin précise que la grande majorité des praticiens diplômés à l'étranger sont maintenant citoyens Français ou, comme lui, en cours de naturalisation.
Selon nos informations, les services du chef de l'Etat ont répondu mi-janvier 2025 à une lettre de revendication envoyée en début d'année, et assurent qu'Emmanuel Macron est "conscient que les Padhue sont un rouage important de nombreux services de soins".
"Il avait exprimé en 2024 son intention que le ministre en charge de la santé travaille sur la question de la régularisation de leurs situations et sur leur précarité administrative", est-il écrit dans un document que RMC a pu consulter.
Un groupe de 100 Padhue lance une action en justice pour suspendre les résultats de l'examen 2024, "parce que le jury ne peut pas changer les règles d'un examen à la fin de la délibération"