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PMA - Une circulaire sanctionnant les gynécologue abrogée: "Un petit cadeau pour avoir les voix LGBT"

La PMA était une promesse de campagne de François Hollande.

La PMA était une promesse de campagne de François Hollande. - Dominique Faget - AFP

La ministre des Familles Laurence Rossignol a annoncé lundi la suppression d'une directive menaçant de sanction les gynécologues qui orienteraient des patientes vers une PMA à l'étranger. Un premier pas pour les défenseurs de la PMA qui dénoncent toutefois une hypocrisie du gouvernement, comme les anti-PMA.

Jusqu'à présent, les gynécologues qui orientaient leurs patientes lesbiennes ou célibataires vers une Procréation médicalement assistée (PMA) à l'étranger encouraient 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende. Des sanctions issues d'une circulaire de 2013 qui sera prochainement abrogée a annoncé lundi Laurence Rossignol, ministre des Familles. Pour Erwann Binet, député socialiste, cette abrogation est surtout "symbolique".

"Elle n'avait pas d'application opérationnelle cette circulaire. Je ne connais pas moi-même de médecin sanctionné pour avoir suivi des patientes qui ont recours à une PMA à l'étranger. C'est le début de la fin de cette hypocrisie", espère le député qui avait milité en faveur du mariage pour tous.

Mais pour lui, la suppression de cette circulaire n'est qu'un premier pas, alors que la PMA n'est aujourd'hui autorisée en France que pour les couples hétérosexuels infertiles. Les couples de femmes "se sentent très humiliées d'être obligées d'aller à l'étranger. Le retrait de cette circulaire fera qu'au moins dans le suivi de leur grossesse, elles le seront peut-être un peu moins. Même si je pense qu'il faudra aller encore au-delà et autoriser formellement la PMA pour les couples de lesbiennes en France" poursuit-il. 

"On évite de prendre une décision"

Même constat pour Esther Benbassa, sénatrice Europe-Ecologie-les-Verts, en faveur de la PMA. Pour elle, la démarche du gouvernement est électoraliste.

"Ca suffit d'aller ramasser des voix dans chaque communauté pour Hollande. Il a voulu faire un petit cadeau pour avoir les voix LGBT, c'est de la poudre au yeux. Il faut quand même prendre des vraies décisions et faire des vrais pas vers la modernité", plaide la sénatrice. 

Farouchement opposé à la PMA, Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche dénonce lui aussi une forme "d'hypocrisie du gouvernement".

"On évite de prendre une décision, mais la PMA est interdite, on ne peut pas en faire la publicité, on ne peut pas diriger vers des établissements étrangers. D'une certaine façon, la ministre s'assoit sur le droit existant", déplore-t-il. 

Pendant sa campagne, François Hollande avait promis d'ouvrir la PMA aux couples de lesbiennes, une promesse restée jusque-là lettre morte. En juillet 2015, le Haut conseil à l'Egalité avait appelé à ouvrir la PMA à toutes les femmes en raison d'une "double discrimination" liée à "leur sexualité ou de leur conjugalité". 

C. B avec Romain Poisot