Sidaction: pour les jeunes comme les adultes, "il y a une information à refaire"

La campagne nationale du Sidaction se déroule ce week-end, jusqu'au dimanche 23 mars, dans un contexte où les fausses croyances sur le VIH, notamment chez les jeunes, ne cessent d'augmenter.
Selon un sondage Opinionway pour l'association, 42% des jeunes pensent en effet qu'il peut se transmettre par un baiser (+12 points en un an) et 31% en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+6 points). "Ce sont des chiffres qu'on se voit se dégrader depuis plusieurs années", regrette ce samedi au micro de RMC Florence Thune, directrice du Sidaction.
"Si les jeunes ne sont pas suffisamment informés, c'est qu'on ne les informe pas" assez, concède-t-elle, appellant à une refonte de l'information "au niveau national". "On le dit depuis des années, l'importance de l'application des trois séances d'éducation à la sexualité" à l'école, alors qu'un nouveau programme sera appliqué à la rentrée.
Pas assez de protection et de prévention
Il prévoit une éducation à la vie affective et relationnelle pour l’école maternelle et l’école élémentaire, et une éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité pour le collège et le lycée.
"1 jeune sur 3 n'utilise pas de préservatif, c'est important que les jeunes connaissent les outils de prévention et de protection", plaide la directrice du Sidaction. Les préservatifs sont gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans depuis le 1er janvier 2023.
"Il existe aussi la PreP", rappelle-t-elle, un traitement préventif pré-exposition délivré sur ordonnance à destination des personnes non infectées par le VIH. Il "s’adresse à des hommes et des femmes exposés par leurs pratiques à un haut risque de contracter le VIH", selon le site de l'Assurance maladie.
"Les adultes ont aussi des mauvaises informations"
"Les adultes parfois ont aussi des mauvaises informations et sont un peu éloignés du VIH, on le voit dans les statistiques des personnes qui se contaminent chaque année", développe également Florence Thune. "Ils pensent éventuellement que leurs enfants sont moins concernés mais à tort puisqu'en France, 5.500 personnes découvrent chaque année qu'elles sont séropositives."
Malgré les progrès, près de 40 millions de personnes vivent encore avec le VIH dans le monde, dont un quart environ sans traitement, et plus de 600.000 meurent chaque année des suites du sida.
S'il est possible de vivre avec le VIH quand on est sous traitement, on ne guérit toujours pas du sida avec une élimination totale du virus, et beaucoup de progrès restent nécessaires pour la prévention, le dépistage ou l'accès aux soins, même en France.
Les décisions de l'administration Trump alarmetn les associations
L'appel aux dons, qui peuvent être réalisés par téléphone, SMS et sur internet, permettent de "financer la recherche" et de "financer les programmes de prévention et d'accompagnement des personnes, en France mais aussi en Afrique", explique Florence Thune, qui conclut: "Avec les mesures du gouvernemetn américain, on a bien besoin d'argent."
Plusieurs centaines de spécialistes du VIH, dont Françoise Barré-Sinoussi, ont exhorté la semaine dernière les Etats-Unis à rétablir leurs contributions à l'aide internationale, jugeant que les coupes pourraient "provoquer la mort d'environ six millions de personnes lors des quatre prochaines années", rapporte l'Agence France-Presse.
"Dans le monde, 90% des traitements qui sont utilisés par la PrEP sont financés par les Etats-Unis", a pointé jeudi l'infectiologue Jean-Michel Molina, lors d'un point organisé par l'agence française de recherche ANRS-MIE. "Ca fait craindre un rebond de l'incidence du VIH très rapide dans un certain nombre de pays."