Stars sous hypnose: "on n'a pas le droit de manipuler les gens"

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Dr Barbara Notton-Cavan, médecin généraliste et hypnothérapeute à Paris:
"L'hypnose médicale, contrairement à l'hypnose de spectacle, vise à traiter la maladie ou un état psychologique pathologique. Par exemple, avec l'hypnose médicale, on aborde la dépression, l'angoisse, l'anxiété mais également différentes pathologies. En effet l'hypnose médicale peut aider à ce que le corps trouve ses propres solutions pour se réparer. Elle peut servir dans des cas de colopathies fonctionnelles, des problèmes de palpitations, des douleurs…
Par rapport à la maladie, qui souvent déstabilise complètement un organisme et une personnalité, l'hypnose est un moyen intéressant de se soigner. Au lieu de laisser les émotions, les idées négatives, les peurs qui amplifient les maladies, l'hypnose permet en effet de décrocher et d'entrer dans un état de lucidité accru, un état actif dans lequel on peut se réparer. C'est ce qu'on appelle le quatrième état de l'organisme après la veille, le sommeil et le rêve. Elle ouvre un état de conscience dans lequel toute personne peut agir sur elle-même pour contrôler sa réaction face à son stress.
"Un moyen d'entrer en contact avec l'inconscient"
L'état hypnotique est naturel et mesurable. On peut l'atteindre dans la vie de tous les jours. L'hypnose médicale se rattache en effet à l'hypnose Ericksonienne (du nom du psychiatre Milton Erickson, ndlr) qui est une hypnose simple. Celui-ci considérait que l'hypnose était un état que tout le monde traversait dans la journée. Il l'apparentait en effet au fait, par exemple, d'être dans la Lune, de se détendre, de perdre un peu le fil. Milton Erickson a ensuite essayé de comprendre comment induite cet état-là parce que, dans ce moment particulier de décrochage, un contact est possible avec notre inconscient.
Tout ce qui est impossible sur le plan de la volonté, du conscient devient dès lors possible par le biais de ce contact avec l'inconscient. L'hypnose médicale Ericksonienne est un moyen d'entrer en contact avec l'inconscient pour trouver des solutions médicales ou psychologiques que le conscient ne trouve plus. L'hypnose est un état que tout le monde connaît. On n'est donc pas propre à être hypnotisé ou non puisque, par définition, tout le monde connaît, au moins une fois dans la journée, la sensation du décrochage. Sensation qui en réalité correspond à une saturation du cerveau gauche, le cerveau conscient.
"On ne peut pas faire tout et n'importe quoi"
C'est cet état que l'on va approfondir dans le cadre de l'hypnose ou de l'autohypnose. Mais on ne peut pas faire tout et n'importe quoi. On ne peut pas obliger notre inconscient à faire telle ou telle chose. Par exemple, même si vous avez la volonté de ne plus penser à quelque chose et que vous le dîtes à votre inconscient de manière répétée, vous n'y parviendriez pas. On ne peut donc pas aller au-delà d'une certaine forme de conscient. Ainsi, vous aurez beau faire toutes les séances d'hypnose que vous voudrez à quelqu'un qui a une dépendance physique extrêmement forte, cela ne marchera pas. Parce qu'il faut aussi accompagner la dépendance physique avec des moyens, des substituts.
Sur le plan déontologique, on n'a pas le droit de manipuler les gens, d'induire quoi que ce soit par le biais de l'hypnose. Mais de toute façon, avec l'hypnose Ericksonienne ce n'est pas possible. En effet, le thérapeute met en contact le patient entre son conscient et son inconscient. C'est donc le patient qui fait lui-même le travail. Et si le thérapeute tente d'induire, d'influencer le patient, il y aura un barrage: le cerveau gauche, celui du conscient, se réveillera. L'ordre autoritaire va repotentialiser ce cerveau gauche qui, lui, dira non.
"L'hypnose de spectacle est une autre forme d'hypnose"
En revanche, dans l'hypnose de spectacle cela semble possible. Mais l'hypnose de spectacle est une autre forme d'hypnose. Elle recherche justement beaucoup plus du côté de l'ordre, de l'autoritarisme. Mais comme ces ordres ne sont pas adressés à l'inconscient, ils ne vont rester de manière pérenne, de manière durable parce que ça ne sera pas accepté par l'inconscient. Pour autant, je ne trouve pas que cette hypnose de spectacle fasse du tort à l'hypnose médicale car les deux n'ont vraiment rien à voir.
On peut utiliser l'hypnose médicale dans les cas de dépression chronique, de stress, d'anxiété, de phobies, de douleurs du colon, de palpitations cardiaques… Je ne dis pas que l'on guérit par l'hypnose mais l'on peut améliorer et l'on permet très nettement de faciliter la guérison. Cela permet de se réparer et pas seulement de se détendre".