Substances toxiques dans les couches: "ce qu'on applique sur nos bébés est un poison à retardement"

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Élodie Durand-Thonon a lancé une pétition sur Change.org: "pour que Pampers supprime définitivement les substances cancérigènes de ses couches", signée par près de 70.000 personnes. Elle a deux enfants de 7 ans et de 3 ans et demi. Elle travaille dans une structure qui accompagne les établissements sanitaires et médicaux-sociaux dans leur démarche de développement durable.
"Cette étude va être bénéfique pour faire prendre conscience aux gens que ce qu'on applique sur les fesses de nos enfants sont, pour moi, des poisons à retardement. Le problème, selon moi, c'est qu'en France comme en Europe, il n'y a jamais eu aucune étude effectuée sur l'impact des couches sur nos enfants. On applique des produits issus de dérivés de l'industrie pétrochimique sur les muqueuses génitales de nos enfants, 24 heures sur 24 pendant au moins trois ans, sans qu'aucune étude n'ait jamais été réalisée sur l'impact de ces couches sur les enfants.
C'est un véritable scandale sanitaire. On assiste à une explosion de cancers et de maladies liés aux perturbateurs endocriniens chez les enfants sans se demander d'où ça vient. Je pense que les couches sont une raison de ces problèmes majeurs. Or, aujourd'hui, ce n'est que par la mobilisation citoyenne que les élus prennent des positions. Ce ne sont plus les politiques qui sont moteurs, ils n'agissent qu'en réaction aux choses.
"C'est un véritable scandale sanitaire"
Les fabricants se défendent en disant qu'ils respectent les normes européennes, mais ces normes sont purement industrielles et absolument pas sanitaires. Elles sont basées sur ce que l'on appelle les 'reach', c'est à dire des critères industriels pour les jouets en plastique: ils visent à assurer qu'un matériel en plastique puisse être en contact avec les muqueuses des enfants pendant plus de dix secondes. C'est complètement caduque et non pertinent par rapport à l'utilisation des couches. C'est ridicule.
Depuis le lancement de ma pétition, je suis allée de découverte en découverte. J'ai même été invitée par Procter and Gamble's (qui fabrique et vend des couches sous la marque Pampers) à venir les rencontrer dans leur centre de recherche et développement, à côté de Francfort en Allemagne. C'était en novembre dernier. J'ai été reçue par cinq personnes qui m'ont expliqué, que selon eux, il n'y avait aucune présence de substance ayant un impact négatif sur les enfants, et qu'eux-mêmes menaient des études en interne sur lesquelles ils ne trouvaient aucune substance cancérogène.
Mais quand on regarde le modus-operandi de leurs analyses, on voit qu'ils utilisent des solutions aqueuses (qui contiennent de l'eau) pour décomposer les couches et en extraire les substances à analyser. Mais les HAP (hydrocarbures aromatiques polycyclique, cancérigènes avérés) sont des substances qui sont hydrophobes, donc on ne trouvera évidemment jamais rien si on les analyse via des solutions aqueuses, puisqu'elles craignent l'eau!
"Les autorités me répondent que ce n'est pas de leur ressort"
Sur ce problème, je suis allée interpeller la ministre de la Santé et l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Je suis allée auprès des services publics de protection du consommateur, et on me répond soit que ce n'est pas de leur ressort, soit que mon dossier est en cours de traitement. Les élus contactés m'ont finalement répondu que ça les intéressait, mais qu'il fallait que je vienne vers eux avec un texte déjà pondu pour pouvoir l'utiliser lors des questions d'actualité ou de questions au gouvernement. C'est poussif comme démarche et pas très réactif, mais je suis tenace, alors je travaille actuellement sur la rédaction de ces questions.
Le problème c'est qu'on a du mal à trouver dans les grandes surfaces les couches qui ne contiennent pas de substance nocive, comme Love and Green. Ces marques représentent une partie infime des couches vendues parce qu'elles ont beaucoup de mal à avoir accès aux grandes surfaces. Elles sont légèrement plus chères, mais ce n'est pas du simple au double. Comparées à certaines gammes, elles sont même moins chères que celles des grands distributeurs qui font eux payé le packaging, la marque et le marketing qui est derrière".