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Suppression de l'Aide médicale d'État: "Un retour en arrière" pour Médecins sans frontières

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La loi immigration est discutée ce lundi au Sénat. Parmi les mesures envisagées par le texte, l'Aide médicale d'État doit être remplacée par une aide d'urgence. Une possibilité rejetée par les travailleurs sans papiers, Médecins sans frontières et de nombreux médecins.

La loi immigration, étudiée ce lundi au Sénat, pourrait sonner la fin de l'Aide médicale d'État (AME). Depuis 2000, cette dernière permet une couverture intégrale des frais de santé pour les étrangers en situation irrégulière présents en France et aux ressources inférieures à 810 euros par mois.

Mohammadou Diop est sans papiers, il travaille comme commis de cuisine en région parisienne. L’AME, ce Sénégalais d’origine l’utilise régulièrement depuis trois ans: "Souvent j'ai mal au dos, j'ai de la fièvre. Je vais aller prendre les médicaments, je vais aller voir le médecin."

"Si je n'ai pas l'AME, si je n'ai pas les moyens de me soigner, si c'est une maladie contagieuse, je me balade dans le métro, ça va toucher beaucoup de personnes", ajoute-il.

L'AME pourrait être remplacée par une Aide médicale d'ugrence (AMU). Une aide bien plus restrictive. "L'hypothétique suppression de l'AME se traduirait par la disparition en fait de l'unique filet de sécurité pour des personnes qui sont présentes sur notre territoire en situation irrégulière", explique Euphrasie Kalolwa, responsable plaidoyer à Medecins sans frontières. "C'est vraiment un retour en arrière", conclut-elle.

"Une approche discriminatoire"

Hors de question de renoncer à ce dispositif bénéfique à toute la population selon de nombreux médecins. Jeudi dernier, 3.000 soignants ont appelé le gouvernement et les élus à renoncer à ce projet de loi. "Nous, en tant que soignant, on exerce la médecine selon un code de déontologie, il n'est pas question d'avoir une approche discriminatoire de qui a accès aux soins, qui n'y a pas accès", argumente Nicolas Vignier, infectiologue à Bobigny.

"On n'est pas censé appliquer ces logiques de tri, donc on s'y refuse", déclare-t-il avec fermeté.

En France, l'Aide médicale d'état représente 0.5% des dépenses de l'Assurance maladie.

Clément Brossard