"Un cri de colère": l’ARS occupée pour protester contre la fermeture des urgences de Carhaix

Des manifestants ont occupé pendant plusieurs heures ce jeudi les locaux de la délégation départementale de l'Agence régionale de santé (ARS), à Quimper, pour demander la réouverture la nuit des urgences de Carhaix (Finistère). "Une soixantaine de manifestants ont envahi les locaux de l'ARS empêchant depuis toute personne dont la directrice générale de l'ARS de sortir du bâtiment", a indiqué la préfecture dans un communiqué. "Aucune violence n'est à déplorer", a-t-elle ajouté. Dans la matinée, une réunion avait été organisée à l'ARS avec une délégation d'une dizaine de personnes sur le maintien des urgences hospitalières la nuit à l'hôpital de Carhaix.
"On n’a séquestré personne, assure Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix et militant du NPA (Nouveau parti anticapitaliste), dans ‘Apolline Matin’ ce vendredi sur RMC et RMC Story. Des gens ont voulu envahir et faire le siège des bâtiments de l’ARS. Mais chaque personne était libre d’entrer et de sortir."
"On paye nos impôts comme tout le monde, donc on demande le même service que les autres, ajoute-t-il. On ne veut pas être des sous-citoyens. On rentre dans une lutte de classes sur le plan sanitaire. En Centre-Bretagne, les pauvres payent pour les riches au niveau de la santé. On a un Centre-Bretagne qui est complètement abandonné. Carhaix est à une heure de tout, de Quimper, de Brest… On ferme nos urgences avec le plus grand mépris, avec une directrice du CHRU de Brest-Carhaix qui, en machant son chewing-gum d’un air totalement déshumanisé, nous explique que c’est comme ça et pas autrement."
"On a un discours délirant, méprisant, en face de nous"
A Carhaix, la fermeture des urgences entre 18h et 8h a été décidée "jusqu'à nouvel ordre" par l'ARS en raison d'un manque de médecins, selon les détracteurs de cette mesure. "En face de nous, on a des gens méprisants, dénonce Matthieu Guillemot. La directrice du CHRU de Brest-Carhaix tenait des discours, il y a peu de temps, en expliquant qu’en Guyane, une femme fait trois jours de pirogue pour aller accoucher et donc qu’en Centre Bretagne, on peut bien faire trois quarts d’heure. C’est une déclaration qui a été reprise dans la presse et qu’elle nous a confirmé avoir tenue. Ce sont des propos hyper choquants, c’est inacceptable. On a un discours délirant, méprisant, en face de nous."
"Ici, on n’a pas grand-chose, on a les plus petits salaires de Bretagne, on est méprisés. Par contre, on a quelque chose de fort en nous, c’est qu’on a la force de se battre, prévient le militant NPA. En mars, on a fait une manifestation à Carhaix qui a réuni 8.000 personnes, dans une ville de 7.000 habitants. C’est la colère de tout un peuple, du Centre-Bretagne."