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"Un facteur récurrent de troubles": Nancy s'attaque à la vente des bières fortes à bas prix en ville

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La mairie de Nancy a lancé mardi une expérimentation, appelant les enseignes à réguler la vente de bières fortes à bas prix dans leurs rayons, sur la base du volontariat. Le maire Mathieu Klein a pointé du doigt, sur RMC, l'impact de ces boissons sur la santé et l'ordre public.

Une expérimentation unique en France. La mairie de Nancy (Meurthe-et-Moselle) propose, depuis le mardi 15 juillet, aux commerçants qui l'acceptent de ne plus vendre les bières fortes (plus de 6 degrés d’alcool) vendues à moins de 3 euros. La mairie cible les comportements addictifs, en journée notamment, car les interdictions de vente d'alcool la nuit, déjà décidées à Nancy, ne suffisent pas.

"Ce produit était un facteur récurrent de troubles à l'ordre public", explique, sur RMC, le maire PS de Nancy Mathieu Klein.

"Ce n’est pas un problème spécifique à Nancy, c'est un problème national. On souhaite le traiter avec une approche de santé publique, du point de vue de la sécurité, des nuisances", poursuit Mounir el Harradi, conseiller municipal.

"Aujourd’hui la mairie est quasi seule à réguler, avec la police, ces nuisances-là. Là, l’idée c’est d’associer tout le monde dans une démarche préventive", souligne Mounir el Harradi.

"Apaiser un peu le centre-ville"

À travers la persienne de son bureau de tabac, Jean-Michel, qui travaille en face d'une supérette, observe "tous les jours" des gens qui "picolent plus ou moins intensivement". "Quand on est client et qu'on voit ça, on va ailleurs", regrette ce buraliste en place depuis 27 ans.

Jean-Michel espère que les commerces du centre accepteront de ne plus vendre de bières fortes à bas prix. "Ça peut permettre un peu d'apaiser ce centre-ville, qui est particulièrement mouvementé depuis quelques mois, mais je comprends leur problème à eux, c'est quand même du chiffre d'affaires", analyse le buraliste.

Loana, qui habite à Nancy, a, elle, été directement impactée par ces nuisances: "En travaillant dans le centre de Nancy j‘allais dans une supérette et c’était quasi quotidien que je me fasse interpeller pour prendre de l’alcool par des gens en état d’ébriété."

Sur la base du volontariat

Il ne s'agit pas d'une obligation, les enseignes ont le droit de refuser. Pour l'heure, sur les 52 commerçants sollicités par la mairie, une quinzaine seraient volontaires. "J'essaye de convaincre les enseignes qu'elles ont tout à gagner en les retirant de la vente et ils retrouveront aussi une clientèle plus différenciée, qui aujourd'hui hésite à aller dans certaines enseignes" à cause des nuisances, argumente le maire Mathieu Klein au micro d'Apolline Matin.

Ce test doit durer six mois. La municipalité espère limiter ainsi la consommation d’alcool dans l’espace public et les nuisances pour les riverains et les commerçants. "Nous avons une expérimentation de 6 mois avec plusieurs étapes. La prochaine ce sera en septembre pour mesurer les premiers effets", précise l'élu.

La mairie s'appuie notamment sur des résultats concluants d'enseignes qui ont déjà purement et simplement supprimé d'elles-mêmes de leurs rayons les bières à fort taux d'alcool.

Marion Gauthier (avec TRC)