Un tiers des jeunes Français présentent des symptômes anxieux ou dépressifs, selon une étude

Les signes de détresse psychologique augmentent nettement à l’entrée au lycée. Pour beaucoup d’adolescents, c’est un véritable “point de bascule”, où les exigences scolaires, la peur de l’échec et le sentiment d’isolement s’accentuent.
“Je ne me sentais pas intégrée”
Le mal-être d’Alice, 16 ans, a commencé dès la Seconde: “Pendant un mois, j’avais tendance à sécher les cours. Je ne me sentais pas à 100 % intégrée. J’ai demandé à ma mère de me déscolariser. J’avais l’impression d’être jugée et pas comprise.”
Pour Pauline, également lycéenne, c’est la pression des notes qui nourrit l’anxiété : “Maintenant, je stresse quand je révise. J’ai craqué, je pleurais, j’étais angoissée. L’idée de rater, de se dire qu’on n’est pas capable d’avoir de bonnes notes… ça baisse le moral.”
Ces témoignages illustrent une tendance de fond : selon les résultats préliminaires de l’étude Mentalo, présentés vendredi, un tiers des jeunes Français âgés de 11 à 24 ans présentent des signes de détresse psychologique de type anxio-dépressif, d’intensité modérée à sévère.
Les filles deux fois plus touchées
Menée par l’Inserm et l’Université Paris Cité, Mentalo suit 17 000 jeunes via une plateforme internet où ils répondent à des questionnaires plusieurs fois par an. Objectif : observer les fluctuations du bien-être mental et comprendre les mécanismes qui l’influencent.
“L’objectif de cette étude longitudinale, c’est de regarder les fluctuations et de trouver des relations causales”, explique Karine Chevreul, professeure de santé publique et directrice du projet.
Les résultats confirment les alertes déjà émises depuis la crise du Covid-19 : les filles sont presque deux fois plus nombreuses que les garçons à présenter des signes de détresse psychologique (45 % contre 27 %). Et le lycée apparaît bien comme “un moment charnière”, avec une hausse de 50 % de ces troubles à l’entrée dans le secondaire supérieur.
Inégalités sociales et poids des écrans
Les difficultés psychologiques sont aussi fortement corrélées au niveau de vie.
Sept jeunes sur dix issus de familles en grande précarité présentent une détresse modérée ou sévère, contre trois sur dix dans les familles aisées.
Autre facteur clé : les écrans. “Quand on y passe trop de temps, on ne dort pas bien. Or, on sait qu’il y a un lien entre le sommeil et la santé mentale. Et quand on passe trop de temps sur les écrans, on ne socialise pas… et on ne va pas bien non plus”, rappelle Karine Chevreul.
Parmi les jeunes qui passent plus de sept heures par jour sur un écran, 60 % présentent un risque de détresse psychologique. Mais tout dépend de l’usage : ceux qui utilisent Internet pour s’informer, faire du sport ou des activités culturelles s’en sortent mieux que ceux qui scrollent sans fin ou suivent des influenceurs.
Une application pour aider les jeunes à “faire le point sur soi-même”
Pour répondre à cette urgence, les chercheurs vont lancer Mental+, une application de coaching permettant aux jeunes de suivre leur bien-être et d’accéder à des conseils personnalisés.
Cette initiative s’inscrit dans la grande cause nationale 2025, consacrée à la santé mentale, alors que les professionnels appellent à un sursaut collectif face à une génération en souffrance.