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"Une injustice": les infirmiers des centres de santé sont les oubliés de la prime Ségur

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"RMC s’engage avec vous" a enquêté sur les oubliés de la prime Ségur, une aide de 183 euros mensuels accordée à des professionnels de santé depuis la pandémie. Certains, comme les infirmiers des centres de santé, en sont privés, sans raison.

Ils sont infirmiers, ils travaillent en ville ou en campagne dans des centres de soins, les anciens dispensaires. Et ils n’ont pas le droit à la prime Ségur, les 183€ mensuels accordés aux professionnels de la santé depuis le Covid-19. Lucas Valeriano, coordinateur infirmier du centre Santéa, à Cernay, dans le Haut-Rhin, a alerté "RMC s'engage avec vous".

“C’est un peu une injustice puisqu'on était là pendant la pandémie. On a fait les mêmes soins que les autres… On a fait partie du paysage et il faut nous aider avec cette revalorisation. On ne demande que ça en réalité”, explique Lucas Valeriano.

Déficit de 180.000 euros

En France, il existe 520 centres de soins infirmiers et ils soignent les plus défavorisés. Le centre Santéa reçoit, par exemple, plus de 1.000 patients chaque année, sans compter les 50.000 visites à domicile.

“Les centres de santé infirmiers interviennent là où il n’existe pas d’offre libérale, ou alors, là où elle n’a pas envie d’aller. Donc, on a une vraie offre à apporter à un public qui, sans nous, a beaucoup plus de difficulté d’accès aux soins”, précise Alain Steible, directeur de l’établissement.

Pour garder ses équipes, une quinzaine de personnes, et éviter la fermeture, l’association accorde cette prime Ségur aux infirmiers, mais elle la finance sur ses fonds propres. Une situation intenable à long terme. En 2022, l’association était en déficit de 180.000 euros.

Pourquoi ces infirmiers sont exclus de la prime Ségur?

À mesure que les négociations ont avancé entre le gouvernement et les organsations professionnelles, de plus en plus de métiers ont pu bénéficier de la prime: médecins, infirmiers à l'hôpital, aides-soignants, mais aussi certains travailleurs sociaux. Les négociations se font branche par branche.

Le problème des centres de soins infirmiers, c’est qu’ils sont mal connus de l’État. Le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales publié en septembre dernier le prouve. Résultat: un tiers de ces centres sont aujourd’hui en grande difficulté financière, faute d’avoir pu bénéficier des primes Ségur, alors qu’ils sont très implantés dans les déserts médicaux.

Que répond le gouvernement?

Un plan national a été annoncé en octobre dernier. Mais aucune négociation n’est à l’ordre du jour pour accorder la prime Ségur aux infirmiers des centres de soins. Les organisations qui les représentent demandent à l’État une aide d’urgence de 29 millions d’euros, pour leur permettre de verser eux-mêmes ces primes. Elles ont été reçues le 22 décembre au ministère de la Santé.

RMC a contacté les services de la nouvelle ministre fraîchement nommée, Catherine Vautrin, qui promettent une réponse. Le sujet est désormais sur la table, et la rédaction ne lâchera pas.

Amélie Rosique, Solène Leroux et Guillemette Franquet