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Une levée des restrictions sanitaires encore floue: "Le Président ne veut plus être prisonnier des chiffres", selon Robert Sebbag, infectiologue

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DOCUMENT RMC - Les chiffres du Covid-19 ne s'améliorent pas totalement alors qu'on approche du calendrier de déconfinement progressif.

C’est un seuil symbolique. Le nombre de patients en réanimation a dépassé hier les 6.000, une première depuis un an et le mois d’avril 2020. En ce qui concerne les contaminations, sur les sept derniers jours on approche des 30.000 cas quotidiens en moyenne. Ce chiffre est en baisse depuis trois semaines mais la décrue est lente. Le taux de positivité des tests est lui stable, autour de 10%.

La bonne nouvelle, c’est que le taux de reproduction du virus, le fameux R, est passé en dessous de 1, à 0.92, ce qui veut dire que l’épidémie ne progresse quasiment plus.

"On est en plein paradoxe"

Mais ces chiffres suffiront-ils pour déconfiner totalement le pays? Robert Sebbag, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, était l'invité de RMC ce mardi matin, et estime qu'il faut rester prudents.

"On est en plein paradoxe au niveau des chiffres. Le Président, quand il parle de réouverture, il ne veut pas donner de chiffres ni de critères, il ne veut pas être prisonnier des chiffres. Quoi qu'il arrive il veut ouvrir, quoi qu'il arrive il veut déconfiner en espérant que ça tienne au niveau hospitalier."

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"Il y a un certain nombre d'incohérences"

Le couvre-feu pourrait donc être modifié prochainement, une mesure extrêmement restrictive dont on doute de l'efficacité aujourd'hui.

"On est en couvre-feu depuis octobre. On ne peut pas dire (que c'est parfaitement efficace), ça reste sur des plateaux extrêmement hauts."

Le médecin estime que la territorialisation a également ses mauvais côtés.

"Le virus circule partout, si on enlève les restrictions de circulations. Si on territorialise on pourra aller langer au restaurant dans le département d'à côté. Il y a un certain nombre d'incohérences" a-t-il dénoncé.

Dans l'immédiat, l'heure n'est pas à la décrue dans les indicateurs hospitaliers. Lundi, 400 nouveaux décès de malades du Covid-19 ont été comptabilisés dans les hôpitaux, où le seuil de 6.000 malades du Covid en réanimation a été dépassé, un niveau jamais atteint depuis avril 2020, pendant la première vague de l'épidémie. Derrière le franchissement de cette barre, le niveau des réas reste stable depuis deux semaines, et les projections de l'équipe de modélisation de l'Institut Pasteur anticipent "une baisse des admissions à l'hôpital, même si certains modèles individuels prévoient plutôt un plateau".

La semaine dernière, Santé publique France a comptabilisé environ 29.700 nouveaux cas par jour, contre près de 33.000 les sept jours précédents, mais cette baisse reste encore fragile aux yeux de plusieurs épidémiologistes.

J.A.