RMC

Sarah Zemmahi, candidate voilée ex-LREM à Montpellier, est-elle vraiment liée aux Frères musulmans?

ENQUÊTE RMC - Jeudi sur RMC, Marlène Schiappa avait estimé que l'ex-candidate LREM à qui le parti présidentiel a retiré la candidature était "manifestement proche des Frères musulmans". Voici ce qu'il en est.

Marlène Schiappa, ministre de la Citoyenneté, s’est exprimée jeudi matin sur RMC au sujet de Sara Zemmahi, candidate aux départementales dans l’Hérault, à qui La République en Marche a retiré son investiture parce qu’elle portait le voile sur une affiche de campagne. Elle assure que "manifestement, cette candidate est proche des Frères musulmans".

Est-elle vraiment liée à l'organisation comme l'insinue la ministre? Selon nos informations, Sara Zemmahi a fondé à Montpellier en 2015 une association qui a pour but de promouvoir la réussite des jeunes issus de milieux modestes et de lutter contre les discriminations.

>> A LIRE AUSSI - LREM retire une investiture à une candidate voilée: "On a jamais tort quand on assume un positionnement politique" assume Aurore Bergé

En 2016, cette association, Tabassam ("sourire" en français), participe à la rencontre annuelle des musulmans du Languedoc-Roussillon, un rassemblement qui accueille cette année-là un prédicateur, Hani Ramadan, le frère de Tariq Ramadan et le petit-fils du fondateur égyptien des Frères Musulmans.

Une association dans le viseur des renseignements territoriaux

Tariq Ramadan réside en Suisse: il est, depuis 2017, interdit de séjour en France et il a publié dans Le Monde une tribune, "La charia incomprise", dans laquelle il qualifie la lapidation des femmes de "purification". Il dit par ailleurs du Sida qu’il est un "châtiment divin" contre les homosexuels, et dénonce la "barbarie sioniste".

Tabassam fait également sur ses réseaux sociaux la promotion du port du voile, notamment dans un clip où apparaissent plusieurs femmes en burqa.

Selon une source locale à RMC, cette association est dans le viseur des renseignements territoriaux. "Non pas parce que ses membres sont radicalisés", nous précise-t-on, mais parce que, sous couvert de soutien scolaire, ils défendent les thèses des Frères Musulmans. Il s’agirait donc, a minima, de prosélytisme déguisé.

>>> A LIRE AUSSI - Polémique autour d'une candidate LREM voilée: que dit la loi?

La tête de liste départementale dans le canton de Montpellier "peu recommandable"?

L’homme qui a recruté Sarah Zemmahi s’appelle Mahfoud Benali, un expert-comptable, ancien militant socialiste passé à La République en Marche en 2017, décrit par l’un de ses adversaires locaux comme "peu recommandable".

Selon nos informations, il a participé en 2017 au financement d’une école hors contrat, installée dans des préfabriqués tout près de la grande Mosquée du quartier de la Mosson à Montpellier. Le rectorat avait bloqué le projet, la préfecture avait obtenu la fermeture de l’établissement, et son responsable, qui n’était pas Mahfoud Benali, a été condamné à 2.000 euros d’amende.

Le candidat tête de liste et sa suppléante n'ont pas répondu à nos sollicitations.

Comment la République en Marche a-t-elle pu donner son investiture à cette liste?

C’est à la fois un problème d’organisation, et un problème purement politique. Pour les élections départementales, les têtes de liste sont choisies localement, par le comité politique de La République en marche dans chaque territoire.

Son rôle est de trier les candidatures, de sélectionner les meilleures, mais il n’y a que très peu de volontaires, et le mouvement a beaucoup de mal à trouver de bons candidats.

Un dirigeant de LREM nous concède que "le premier marcheur venu est investi, on prend n’importe qui. On ne regarde rien à la loupe, surtout pas pour chaque petit canton".

Structure défaillante, et attractivité en forte baisse aboutissent donc à des choix par défaut, à la va-vite, si bien que la direction parisienne de La République en Marche n’a été avertie que samedi dernier qu’une femme s’affichait voilée sur des documents de campagne.

Selon nos informations, Stanislas Guérini, le patron du parti, a abordé le sujet lundi en Bureau exécutif, mais il n’a rien dit publiquement jusqu’au tweet de Jordan Bardella, le numéro 2 du Rassemblement national, qui a allumé la mèche.

>> A LIRE AUSSI - "Vous faites pire que les barbus!": une candidate voilée pour les départementales dans l'Hérault au coeur d'une polémique 

Enfin, une fois que les candidats sont choisis, ils ne reçoivent aucun kit de campagne, aucun tract, aucune affiche, bref aucun appui politique. Une fois choisis, ils sont totalement livrés à eux-mêmes.

Paul Barcelonne (avec Louis Amar et J.A.)