Violences contre les femmes: "Il y a un combat culturel à mener", assure Marlène Schiappa sur RMC

La mission d'inspection diligentée après le féminicide de Mérignac (Gironde) a pointé "une suite de défaillances" dans le suivi du conjoint violent et récidiviste, dans un rapport d'étape cité mercredi par les ministères de la Justice et de l'Intérieur: "C'est un échec collectif. Le 10 juin, nous rendrons public les résultats de la mission", a assuré ce jeudi sur RMC Marlène Schiappa, la ministre déléguée en charge de la citoyenneté.
Accusée par Apolline de Malherbe de n’avoir rien fait de nouveau contre les violences conjugales depuis son accession à ses premières fonctions en 2017, la ministre a défendu son bilan:
"Aujourd'hui on utilise le mot féminicide, ce qui n'était pas le cas auparavant. Après le meurtre d’Alexia Daval quand j’ai utilisé le mot féminicide, j'ai été lynchée sur la place publique quand j'ai utilisé la première fois le terme de féminicide"
Et concernant l’arme utilisée, elle a assuré que tout avait été fait pour empêcher le meurtrier d’en avoir une et qu’il avait acheté celle du drame au marché noir: "J'ai créé la saisie immédiate des armes avec une circulaire après une plainte pour violences conjugales. Il avait répondu non à cette circulaire et ensuite il est allé acheter illégalement une arme" a défendu Marlène Schiappa.
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"Il y a une espèce d'acceptation des violences conjugales"
Pour agir, la ministre déléguée assure qu’elle a proposé au Premier ministre Jean Castex un fichier des violences conjugales : "Nous avons proposé de créer un fichier des auteurs de violences conjugales, de la sorte qu'une personne condamnée ne puisse pas acheter une arme. S'il y a un contrôle judiciaire, on saura si la personne est auteur de violences conjugales".
"Il y a encore quelques années, on considérait que c'était de la fatalité. Aujourd’hui la société commence à ouvrir les yeux sur le fait que les auteurs de violences conjugales sont un danger mortel pour leur épouse ou leur ex-épouse, pour leurs enfants et pour la société en général. Il y a 400 interventions de gendarmes et de policiers chaque semaine pour sauver la vie de femmes et d'enfants", a précisé Marlène Schiappa.
Concernant les bracelets anti-rapprochements, censés prévenir toute rencontre entre un conjoint violent et une plaignante, la ministre a déploré la sous-utilisation du dispositif: "Il y a moins de 70 bracelets anti-rapprochement attribués (sur plus de 1 000 à disposition). Ils sont sous-utilisés et sous-attribués, il faut une décision de justice pour qu'ils le soient. La loi est renforcée concernant les dispositifs, les victimes, les associations et les avocats doivent les connaître. Ensuite, il faut que les juges les attribuent", a-t-elle déploré avant de s'en prendre à une "culture" de la violence conjugale
"Il y a une espèce d'acceptation des violences conjugales. Dans chaque féminicide, on commence par pointer la responsabilité des policiers, de l’Etat du gouvernement en oubliant de pointe la responsabilité d’un homme. On a un barbare qui la tue pour 'laver son honneur'. Il y a un combat culturel à mener pour que lorsqu’une femme parle des violences conjugales qu’elle vit, son entourage ne lui dise pas 'fais un petit effort', mais travaille pour la mettre à l’abri", a assuré Marlène Schiappa.
Le 4 mai dernier à Mérignac près de Bordeaux, Mounir B., 44 ans, déjà emprisonné pour violences conjugales en 2020, avait poursuivi dans la rue sa femme, Chahinez, 31 ans, mère de trois enfants avant de lui tirer plusieurs coups de feu dans les jambes puis de l'asperger d'un liquide inflammable alors qu'elle était encore en vie et de l'enflammer. Les ministères de la Justice et de l'Intérieur avaient déclenché aussitôt une mission d'inspection pour étudier, notamment, les conditions de remise en liberté et de suivi de cet homme.
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