Attaque à Orly: "On est alerte en permanence", raconte Christophe, steward chez Air France

Un avion de la compagnie Air France. - AFP
Christophe Pillet exerce le métier steward depuis 18 ans chez Air France. Il est également secrétaire général adjoint au Syndicat National du Personnel Naviguant Commercial. Il explique à RMC.fr les craintes ressenties par le personnel des compagnies aériennes, après l'attaque d'un homme au terminal Sud d'Orly ce samedi matin.
"La sécurité et la sûreté font partie de la première composante de notre métier. La menace est permanente et grandissante dans les aéroports et les avions, on le sait. Au vu des événements les plus récents, durant lesquels des équipages résidant à Bamako ou en Inde ont été attaqués, nous sommes davantage sensibilisés à ces menaces.
Il existe toujours une peur, qui est proportionnelle à l’émotivité de chacun, à son vécu, à son passé. On pense à la menace évidemment, on est alerte en permanence, dans les avions, dans les aéroports, de plus en plus, d'autant plus les attentats de Paris et de Nice nous ont rappelés qu'ils pouvaient se produire n'importe où, même dans des lieux de la vie quotidienne.
"L'attaque à Orly nous rappelle qu'il faut être vigilant en permanence"
Cela fait longtemps que nous sommes exposés à la menace terroriste (depuis le 11 septembre 2001). L’attaque à Orly ce matin nous rappelle qu’il faut être vigilant en permanence. Cela peut arriver n’importe où, n’importe comment, tout le temps. On exerce ce métier avec ce risque.
D'ailleurs, Air France affiche le drapeau tricolore sur ses avions: il s'agit de la seule marque commerciale dont le nom est la France. Il y a toute une symbolique, c’est directement visible, et avec les uniformes d'hôtesses de l'air ou de steward, nous savons que nous sommes repérables. Lorsqu’on veut viser la France, c’est évidemment une cible potentielle.
"De plus en plus, des personnels craignent pour leur vie"
Depuis quelques années, nous sommes devenus de plus en plus attentifs: on regarde, on observe tout comportement qui peut être anormal. Tout paquet suspect, tout objet abandonné, tout ce qui sort des procédures, on ne fait pas d’impasse. Il faut tout vérifier: les avions, les emplacements des passagers, de manière à avoir fait le maximum pour limiter les risques.
De plus en plus, des personnels craignent pour leur vie. C’est un phénomène qui a augmenté ces dernières années. Ils peuvent d'ailleurs demander un droit de retrait concernant certaines escales. Celles qui font peur sont en fonction de ce qui se passe dans l'actualité. Après les attentats du 13 novembre par exemple, Paris était une destination dangereuse. Mais c’est irrationnel, cela dépend du vécu de chacun, et du lieu où l'événement dramatique se produit. La menace ne se situe plus uniquement dans l’avion, car elle se déplace, et peut surgir désormais dans un aérogare, en zone publique.
"Nous sommes confrontés à des passagers violents à bord"
Le métier d’hôtesse de l'air et de steward consiste à servir des plateaux repas, à sourire, à parler à nos clients, pour la partie visible: mais c’est aussi être pompier, secouriste, et policier. De plus en plus, nous sommes confrontés à des passagers violents à bord. Notre métier est très vaste, et nous demande beaucoup d’adaptation.
Il existe une close pour le personnel navigant commercial qui stipule qu’il ne doit pas exercer sa fonction, pour des raisons de sécurité, s’il ne s’en sent pas apte physiquement ou moralement. Une hôtesse de l'air ou un steward peut être amené à procéder à une évacuation, éteindre un feu à bord, ou gérer un malaise grave: il doit être en capacité de gérer ce type d’événement. Si psychologiquement, le personnel est perturbé par une peur, il ne sera pas capable de réagir rapidement en vol".