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"Cela peut être une solution en zone rurale": les voitures destinées à la casse proposées aux plus précaires?

A partir du 1er janvier 2018, tous les Français pourront bénéficier d'une prime à la conversion pour mettre à la casse une vieille voiture, contre l'achat d'une voiture plus récente.

A partir du 1er janvier 2018, tous les Français pourront bénéficier d'une prime à la conversion pour mettre à la casse une vieille voiture, contre l'achat d'une voiture plus récente. - Jeff Kowalsky - AFP

Des sénateurs écologistes ont présenté une proposition de loi pour récupérer les véhicules issus de la prime à la conversion pour les louer aux plus précaires.

Les sénateurs écologistes souhaitent récupérer les véhicules issus de la prime à la conversion pour les louer aux foyers les plus précaires, dans les zones rurales. L'idée est dans un premier temps d'identifier les voitures encore en bon état mais éligibles à la casse dans le cadre de la prime à la conversion. Ces voitures concernent les diesels immatriculés avant le 1er janvier 2011, les voitures d'avant 2006 roulant à l'essence ainsi que des véhicules au mieux Crit'Air 3.

"Cela paraît totalement aberrant qu'autant de voitures soient systématiquement détruites", lorsqu'elles sont destinées à la casse, a remarqué le chef de file des sénateurs écologistes Guillaume Gontard, à l'origine de ce texte avec Joël Labbé, ex-sénateur du Morbihan.

De nombreuses associations dans toute la France offrent déjà ce genre de services en s'appuyant essentiellement sur des dons de véhicules. Les voitures seraient cédées gratuitement via les régions à des garages associatifs, afin de développer des services de mobilités solidaires. Ces voitures sont intéressantes pour ceux qui ne circulent pas dans les grandes villes.

Autre option, remplacer la motorisation des véhicules par un système électrique. Ainsi, pour les véhicules qui deviennent électriques, ils peuvent être éligibles au dispositif de "leasing social" annoncé récemment par Emmanuel Macron, la location d'un véhicule électrique pour 100 euros par mois pour les plus modestes.

Une solution pour pallier le manque de transports publics?

L'objectif de cette proposition est double: permettre à ceux qui n'ont pas les moyens de se déplacer de le faire, mais également prolonger la durée de vie de ces voitures.

"Ce n'est pas inintéressant, estime Anne-Sophie Simpere, militante associative, dans Estelle Midi sur RMC. Aujourd'hui, il y a plein d'incitations à échanger sa voiture contre une voiture électrique. Envoyer des voitures encore fonctionnelles, alors qu'il y a 13 millions de personnes en situation de précarité dans l'accès à la mobilité en zone rurale et périurbaine, notamment si on passe par des garages solidaires, cela peut être vecteur d'emplois. Par ailleurs, jeter une voiture, c'est aussi jeter les métaux qui ont contribué à sa fabrication."

Une proposition de loi qui pourrait également pallier le manque de transports publics dans les zones rurales. "En zone rurale, il n'y a pas d'accès aux transports comme en ville, donc à court terme cela peut être une solution", ajoute Anne-Sophie Simpere.

"28% des demandeurs d'emploi ont renoncé au moins une fois à un emploi au cours des cinq dernières années par manque de moyen pour se déplacer. Au cours de sa vie, sur notre territoire, c'est une personne sur quatre qui aurait déjà renoncé à un emploi ou à une formation faute de pouvoir s'y rendre", affirme, Joël Labbé, sénateur.

Les sénateurs écologistes ont bon espoir de convaincre leurs collègues parlementaires. En 2021, un amendement similaire avait été adopté dans l'hémicycle contre l'avis du gouvernement, dans le cadre de la loi "climat et résilience", avant d'être abandonné lors des négociations entre sénateurs et députés en commission mixte paritaire.

Cindy Nunes