Conducteurs de camions: pourquoi est-ce un métier à très grand risque?

“Les routiers sont sympas”, disait-on. Bien sympa de transporter des marchandises pour notre consommation, alors qu’ils exposent leur santé. D’après une étude, un malaise mortel au travail sur 5 concernerait à un conducteur de camion. La moitié à moins de 51 ans.
Ce sont des chiffres de l’INRS: l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et maladies professionnelles. Des malaises, sans qu’une “cause externe” ait pu être identifiée. Des hommes à 94%. On parle de “mort subite de l’adulte”.
Un enjeu colossal
D’abord, c’est bête, mais ça résume la situation. On a du mal à les secourir rapidement. Ils ne sont pas dans l’entreprise, par définition, et sont souvent seuls. Et pourtant l’enjeu est colossal. La vie de ces conducteurs, bien sûr, et les voitures alentours, si un conducteur routier fait un malaise au volant. Pourtant, c’est un sujet socio-économique dont on parle peu.
Au-delà de ces chiffres alarmants, on a du mal à comprendre pourquoi il est si difficile d’y remédier. Les préconisations classiques contre les malaises en entreprises ne marchent pas bien avec les routiers. Par exemple: “limiter la survenue des pathologies du cœur”.
Comment éviter à un conducteur routier les horaires atypiques, les postures sédentaires, les changements de température ou les activités répétitives? Elles vont avec le boulot.
Dans son rapport qui ne concerne pas que la route, l’INRS incite à former les salariés aux gestes de premiers secours, à réagir en cas de malaise d’un collègue. Au-delà des malaises, il y a des pathologies associées au métier de conducteur routier. D’abord, ce que l’on appelle les TMS. Troubles musculosquelettiques, les questions de postures.
Les TMS touchent davantage les conducteurs que les autres métiers: près de deux fois plus de maux de dos, de problèmes de colonne vertébrale. Il y a bien sûr aussi le risque d’accident de travail: la manutention, les chutes par exemple ou encore les marchandises dangereuses pour certains.
Anxiété, substances...
En 2001, une étude auprès de 400 conducteurs français, réalisée sur des aires de repos d’autoroute, apportait des chiffres alarmants pour leur santé. 60% affirmaient consommer au moins trois sodas ou boissons énergisantes par jour. 70% étaient au moins en surpoids, 20% obèses. La moitié des routiers interrogés étaient fumeurs.
Si bien qu’avec une exposition plus importante au diabète ou au cancer du poumon, ils ont une espérance de vie diminuée par rapport au reste de la population. Les métiers de la route, ce sont aussi des contraintes psychologiques.
Les conducteurs routiers sont exposés à l’anxiété liée à la menace de violences, de vols, ils sont une cible. Ils sont aussi plus généralement exposés au risque dépressif et donc à la toxicomanie, aux conduites addictives. Des excitants, des stimulants surtout: cocaïne, ecstasy, amphétamines, mais aussi du cannabis. Là aussi, ça complique l’enjeu de sécurité sanitaire et routière.
La route en général, c’est un danger professionnel, il y a deux types de risques: la route en mission et les déplacements domicile/travail. Mais le risque routier est à l’origine d’environ 30 % des accidents mortels en lien avec le travail.
Conduire pour le travail, c’est différent que de conduire pour les besoins de la vie courante. Le stress, les exigences, la fatigue ne sont pas les mêmes. Les communications téléphoniques avec l’employeur aussi, c’est un problème. Mais alors là, rappelons-le, la vitesse et l'inattention restent les principaux facteurs d'accidentalité