Hausse de la mortalité des cyclistes: "La cohabitation en ville est compliquée avec les voitures"
La mortalité des cyclistes est en hausse sur les routes de France. En 2022, 244 personnes à vélo sont mortes, en hausse de 30% par rapport à 2019, dernière année de référence. Et pour la deuxième année consécutive, le nombre de cyclistes tués dépasse le seuil des 200 morts.
"Cela va de pair avec le développement des mobilités douces, il y a une hausse préoccupante de la mortalité des cyclistes et des utilisateurs d'engins de déplacements personnels motorisés (EDPm)", déplore la déléguée interministérielle à la Sécurité routière Florence Guillaume. Car depuis le Covid-19, de nombreuses municipalités ont développé des pistes cyclables et fait la part belle aux mobilités dites "douces" comme le vélo mais aussi les trottinettes électriques.
"Tensions"
Sur le plateau des "Grandes Gueules", la responsabilité de ces morts est toute trouvée. Ce sont les cyclistes eux-mêmes qui se mettent en danger: "C'est à cause du fait qu'ils roulent n'importe comment. À Paris, il y a des zozos qui arrivent à fond en contre-sens, quand tu tournes à droite tu les vois débouler, c'est hallucinant", peste Bruno Pomart sur RMC et RMC Story. "Ils sont en roue-libre, ils ne respectent rien, ils ont les écouteurs et ils n'ont aucun respect", abonde l'avocate Sarah Saldmann qui reconnaît elle-même conduire assez mal.
"Transformer une ville vers des mobilités plus douces comme le vélo, c'est plutôt une bonne chose. Mais de la manière dont c'est fait, cela ne peut créer que des tensions", juge de son côté l'économiste Thomas Porcher, plus mesuré que ses deux comparses.
De leur côté, les associations de cyclistes évoquent l'agressivité des automobilistes, se basant sur plusieurs condamnations judiciaires de conducteurs ayant agressé des personnes circulant à vélo et sur des vidéos quotidiennes de trajet à vélo diffusées par des cyclistes documentant des comportements dangereux d'automobilistes.
"Griller les feux rouges en tant que vélo, c'est hyper dangereux"
Au-delà de la piètre guerre de comptoir qui oppose certains conducteurs et certains cyclistes, le non-respect du code de la route et des règles établies, notamment par les vélos, contribue aux incivilités. "Le premier constat, en tant que policier, c'est que les cyclistes ne respectent pas le code de la route", assure aux "Grandes Gueules" Thibault, policier municipal dans le Rhône, qui ne nie pas le comportement dangereux de certains automobilistes.
"Griller les feux rouges en tant que vélo, c'est hyper dangereux. Avoir des vélos-cargos avec des enfants à l'avant pas casqués, c'est hyper dangereux aussi. Il y a des panneaux qui donnent la priorité aux cyclistes mais ils sont aussi dangereux et seuls les cyclistes sont au courant de leur existence. Du coup, la cohabitation en ville est très compliquée", déplore le fonctionnaire qui tacle les pistes cyclables aménagées à même le trottoir.
La mortalité plus élevée hors agglomération
Le policier municipal assure adresser des injonctions quotidiennes aux cyclistes contrevenants. Et constater chez eux deux types de réaction: "Soit ils sont très énervés parce que c'est des cyclistes et qu'ils respectent l'environnement. Soit ils comprennent tout à fait parce qu'ils se rendent compte qu'ils se mettent en danger", explique Thibault.
Parmi les 244 cyclistes morts en 2022, 56% roulaient sur des routes de campagne. Hors agglomération, on constate donc une augmentation de 47% de la mortalité chez les cyclistes, soit près de trois fois plus qu'en agglomération (+16%).