"Ils regardent des vidéos": faut-il aggraver la peine pour l'usage du téléphone au volant?

Les comportements à risque au volant ne cessent d'augmenter, constate le 13e Baromètre de la conduite responsable de la fondation Vinci Autoroutes, publié ce mardi. Invité de "Charles Matin" sur RMC et RMC Story pour réagir à ces chiffres, Maître Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé dans la défense des victimes d'accidents de la route estime que "le vrai point noir, ce sont les situations où vous faites courir un risque pour les autres, en matière d'alcool ou d'usage du téléphone".
Et ces chiffres montrent que les jeunes de moins de 35 ans ont plus de comportements à risque, notamment sur le téléphone au volant. Ainsi, 23% des jeunes hommes regardent même des films ou des vidéos en conduisant. De même, la moitié des personnes disent utiliser leur téléphone en Bluetooth et les deux tiers estiment que ce n'est pas dangereux, d'autant plus que c'est légal.
"Un problème sur lequel on n'a pas vraiment prise"
"Ce qui est dangereux, c'est l'usage des applications et le caractère multimédia (du téléphone)" estime l'avocat: "On le voit dans les dossiers où avant un accident, on voit des utilisations d'applications comme Snapchat ou autre tout en conduisant. On est face à un problème sur lequel on n'a pas vraiment de prise".
"L'usage avéré du téléphone, il faut en faire une cause aggravante comme l'alcool et la drogue et rendre systématiques les recherches", selon Me Vincent Julé-Parade.
Ces chiffres ont fait réagir les "Grandes Gueules". Bruno Poncet estime qu'une telle proposition est hypocrite alors qu'aujourd'hui, "les voitures sont connectées". Dans ce cas-là, il faut "arrêter toutes les options" et revenir aux "voitures d'avant" avec juste l'autoradio, lance le cheminot. Il juge aussi facile de constater si un téléphone a été utilisé au volant lors d'un accident en allant "chercher les fadettes". "Elles vont révéler les data consommées, les appels ou les SMS émis", explique Fabien, policier dans la sécurité routière.
Augmenter la perte de points?
Ce policier juge que "le téléphone portable au volant est un fléau" et qu'il faut en faire une cause aggravante: "la moitié des verbalisations, c'est le téléphone à la main à textoter, à répondre aux mails, à téléphoner à un ami" mais "aussi le GPS ou regarder des vidéos YouTube."
Il estime qu'il faut augmenter la peine en cas d'utilisation du téléphone au volant: "Vu comment c'est généralisé et le nombre d'accidents, et le danger encouru, je ferais monter la perte de points, la première fois, et suspension du permis en cas de récidive".
"Mon quotidien, c'est d'aller sur un accident mortel avec un jeune de 20 ans qui conduisait, téléphone au volant, d'aller annoncer à sa famille le décès", raconte-t-il.
Une plus grande codification?
Mélissa, infirmière en Seine-et-Marne, juge qu'il faut faire de l'apprentissage et codifier l'usage du téléphone tout en pénalisant ce qui est "repoussable".
"Mes collègues infirmières libérales ne peuvent pas ne pas décrocher quand un patient appelle ou chercher l'itinéraire pour aller chez un malade", explique-t-elle.
"Quand j'ai passé le permis, il y avait encore des cassettes dans l'autoradio de mon moniteur d'auto-école et il m'avait appris à enlever et à changer la cassette au volant en me disant: 'De toute façon, à un moment donné, tu le feras'. Il faut que ce soit la même chose pour le téléphone, que ce soit codifié", conclut-elle.