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"L'électrique doit remplacer l'essence, pas s'ajouter au parc existant", plaide Jean-Marc Jancovici

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L'ingénieur Jean-Marc Jancovici estime qu'il faudrait que tout le processus de production de la voiture électrique, de l'extraction des matières premières pour les batteries à l'assemblage, se fasse en France pour un bénéfice optimal sur les émissions de Co2.

Deux en un. Emmanuel Macron est à Dunkerque ce jeudi où il doit évoquer la réindustrialisation du pays et officialiser l'ouverture l'implantation d'une méga-usine de batteries électriques pour voiture. De quoi allier l'utile à l'agréable. Des emplois d'un côté et la promotion d'une industrie verte alors que l'Union européenne a déjà acté la fin des véhicules thermiques en 2035.

Mais, selon certains, la voiture électrique ne serait qu'un pansement pour lutter contre le réchauffement climatique: "La voiture électrique reste une voiture", rappelle ce vendredi sur RMC et BFMTV l'ingénieur Jean-Marc Jancovici. "En terme d’occupation d’espace au sol, de consommation de matériaux pour faire la voiture, et de pollution, on n’a que peu de différence avec une voiture à pétrole", explique-t-il alors que l'on recense 1,2 milliard de voitures sur la planète environ, qui sont responsables de 6% des émissions de gaz à effet de serre.

"Par contre on a des avantages sur le Co2 de façon incontestable". Si le coût en émissions de Co2 lors de la fabrication est plus important que celui d'une voiture thermique en raison de la fabrication des batteries, "le moteur électrique est beaucoup plus efficace que le moteur à essence", assure Jean-Marc Jancovici qui ajoute que le bénéfice est important en France où "la production électrique est très nettement décarbonnée".

L'usine de Dunkerque, la dernière étape du processus de fabrication

Remplacer les voitures thermiques par des voitures électriques permettrait de diviser les émissions de Co2 par 3: "On pourrait les diviser par 10 en faisant en France l'essentiel des étapes de production de la batterie", avance Jean-Marc Jancovici. Et l'implantation d'une usine de batterie à Dunkerque est la dernière de ces étapes.

Mais le chemin est encore long. Pour obtenir un résultat optimal, il faudrait que la batterie, de l'extraction des matières premières nécessaires à son implantation dans un véhicule électrique, se fasse en France. Pour ça, il faudrait extraire du lithium, présent en France métropolitaine, du cobalt, que l’on trouve en Nouvelle-Calédonie et du nickel, introuvable sur le territoire. Ensuite il faudrait fabriquer les principes actifs, fabriquer les composants de la batterie puis enfin la batterie elle-même. L'implantation de l'usine de Dunkerque, représente "la dernière étape du processus" de fabrication. "Il faudra faire le reste plus tard", appelle Jean-Marc Jancovici.

Il faut aussi construire écologique: "La voiture électrique idéale est plus petite et moins nombreuse. Il faut qu’elle remplace la voiture à essence mais si elle s’ajoute au parc existant, le bénéfice n’existe pas", explique Jean-Marc Jancovici qui doute de la capacité à remplacer toutes les voitures thermiques par des véhicules électriques.

Quant au bonus écologique de 5.000 euros accordé à tous les nouveaux acheteurs de véhicules électriques, l'ingénieur plaide à le conditionner aux revenus, à la masse de la voiture et sous conditions de puissance du moteur du véhicule.

L'usine de Dunkerque devrait permettre la création de 2 à 3.000 emplois dans la région. Et les batteries produites par cette méga-usine devraient équiper entre 500.000 et 750.000 véhicules électriques à terme.

G.D.