Voitures électriques: faut-il réserver le bonus écologique aux véhicules "Made in France"?

Le bonus écologique, oui, mais pour les Français seulement? Le gouvernement envisage de favoriser les voitures électriques fabriquées sur le territoire et ainsi éviter de subventionner des véhicules qui viennent d'autres pays.
Car les ventes de voitures électriques explosent mais les plus vendues ne sont pas forcément conçues ou fabriquées en France. C'est d'ailleurs la marque américaine Tesla, qui appartient au milliardaire Elon Musk qui se vend le mieux. En occasion aussi, la tendance se vérifie: "Les Tesla, c'est ce qu'on vend le mieux. Ensuite il y a les Renault Zoé", assure à RMC Steven Pinto, concessionnaire automobile dans les Yvelines.
Et peu importe la provenance, le bonus écologique est le même pour tous. Depuis début 2023, ce bonus est attribué pour l'achat d'une voiture 100% électrique neuve, avec une subvention de 5000 euros, sans condition de revenus, attribuée pour tous les modèles à moins de 47.000 euros et de moins de 2,4 tonnes.
Une "aberration" pour Yves Carra, le porte-parole de l'Association mobilités club de France qui plaide pour que ce bonus soit réservé au "Made in France", s'inquiétant de l'arrivée sur le marché des voitures chinoises: "Ne pas financer toute l'industrie automobile chinoise, c'est une vraie bonne idée, on aurait dû le faire depuis longtemps", tacle-t-il sur RMC.
"On finance la production extérieure avec des aides d'Etat"
"Si cette voiture est fabriquée à des milliers de kilomètres avec un coup carbone gigantesque, cela n'a pas beaucoup de sens", note Yves Jégo, ancien ministre et fondateur du label Origine France Garantie. "C'est aussi une aberration économique. On favorise les entreprises étrangères avec l'argent des Français, on finance la production extérieure avec des aides d'Etat. Les marchés publics devraient être ciblés sur l'industrie nationale", ajoute-t-il.
Mais encore faut-il que le marché français puisse absorber la demande alerte Flavien Neuvy économiste, directeur de l'Observatoire Cetelem: "Une voiture peut être produite en France mais avec des batteries importées d'Asie. Ensuite, d'un point de vue opérationnel, concrètement quels sont les critères à mettre en place pour être sûr qu'on favorise la production de voitures électriques en France? ce n'est pas si facile que ça", tempère-t-il.
"C'est tout à fait possible", balaie d'un revers de la main Yves Jégo. "Il faut des politiques structurantes, secouer le système européen pour mettre en place un protectionnisme intelligent qui ne nous empêche pas de commercer mais qui privilégie l'achat français", appelle-t-il. "Autre chose très simple, qui ne coûte rien: il faut imposer au niveau de l'UE, le marquage des produits vendus en France, il faut que le président de la République s'engage dans ce marquage", demande Yves Jégo.
En attendant, Emmanuel Macron doit se rendre ce vendredi à Dunkerque où une usine de fabrication de batteries pour des voitures électriques doit voir le jour en 2026.