Législatives: les promesses sur les carburants vont-elles influencer le vote?

Le prix du litre d’essence qui baisse d’une vingtaine de centimes environ. C’est la promesse qui fait rêver tous les automobilistes, mais est-ce vraiment faisable? Dans le contexte des législatives, chaque parti a sa proposition sur le sujet.
Pour le Rassemblement national et son président Jordan Bardella, l'objectif est de faire baisser la TVA de 20% à 5.5% sur les énergies et le carburant. Le Nouveau Front populaire propose, lui, de bloquer les prix des produits de première nécessité, dont le carburant, par décret et dans les 15 premiers jours.
Mais les promesses sur la baisse du prix de l'essence influencent-elles votre vote? Les avis sont partagés à la station-service. Pour certains, c'est une évidence: "Ils vont faire baisser le prix de l'essence, oui ça compte énormément, ça pèse dans la balance". Mais pour d'autres, il ne vaut mieux pas s'emballer: "Ce n'est pas quelques centimes qui vont me faire changer d'avis, je sais ce que je veux moi", "Je ne crois pas aux promesses des politiciens, c'est toujours la même chose, c'est le peuple qui paye".
Faire baisser la TVA pour le RN
Le Rassemblement national suggère dans son programme pour les élections législatives de faire passer la TVA sur l'essence de 20% à 5,5%. Une mesure qui coûterait 16 milliards d'euros à l'Etat, car elle porte sur tous les "produits énergétiques". C'est une fausse bonne idée pour Robert, à la station-service: "A terme, c'est une très mauvaise mesure, les 16 milliards faut les trouver après, le budget de l'Etat va le ressentir".
Même constat pour Laurent, automobiliste, qui ne fait pas confiance aux distributeurs: "Ils vont peut-être en profiter et augmenter leur marge. On dit que le pays est endetté, est-ce que baisser la TVA ne va pas engendrer d'autres problèmes ailleurs?".
Je ne me fais pas d'illusion, on nous donne d'un côté, on nous le reprend de l'autre", poursuit Laurent.
Francis Pousse, président national stations-services et énergies nouvelles du syndicat professionnel Mobilians, qui représente une grande partie des stations-service du pays, nuance tout de même, car l'idée permettrait de faire gagner "entre 15 et 20 centimes" à la pompe. Mais comme les automobilistes, il préfère rester prudent: "En France, il faut passer impérativement par un projet de loi de finance rectificative, une modification du budget, qui doit se faire par l'Assemblée nationale. Donc il faut une assemblée installée, puis il y aura des navettes parlementaires. Est-ce que tout le monde sera d’accord? On ne le sait pas".
Bloquer les prix à la pompe pour le Nouveau Front populaire
A gauche, le Nouveau Front populaire a une toute autre proposition. Que ce soit sur l'alimentation, l'énergie, les carburants, leur programme propose de bloquer les prix de tous ces biens de première nécessité. Mais Diaa, chauffeur, n'y croit pas car pour lui, ce genre de mesure ne peut être imposée que dans des circonstances exceptionnelles: "Dès qu'ils arrivent au pouvoir, ils sont obligés de suivre de toute façon, ce ne sont pas eux-mêmes qui décident tout".
Constat similaire pour Francis Pousse: "Les bloquer, je ne vois ça pas possible. Votre produit de base, le pétrole, continue à évoluer dans un sens ou dans un autre. Et à quels prix on bloque? Il n’y a pas de réponse".
Ce qu'il propose à la place, ce serait de mettre en place un prix administré, "ce qu’on avait jusque dans les années 80, et ce qu’on a aussi en Guadeloupe par exemple".
Chaque mois, en fonction de l’évolution du prix du baril, le prix augmente ou baisse de la même façon dans toutes les stations. Mais il faut que ça se mette en place, ça prendrait quelque temps, développe-t-il.
Les prix à la pompe repartent à la baisse
Du côté de la majorité, pas de nouvelle proposition sur le sujet. Mais pour Francis Pousse, les aides qui avaient été distribuées restent une option à étudier: "On se souvient du dernier chèque essence dont tout le monde n'avait pas profité, certains n'étaient pas allés le chercher. Il était budgété à 1 milliard d'euros, 600 millions avaient été dépensés. Et effectivement, c’est pour une tranche de la population, ceux qui en avaient le plus besoin".
Selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie ou des experts du secteur, on risque d'avoir trop de pétrole plutôt que pas assez dans les années à venir, ce qui pourrait amener à une baisse des prix du pétrole. Mais Francis Pousse est plus réservé: "Les prévisions de long terme, je me refuse toujours à en faire. Trop de pétrole... sauf si les pays producteurs réduisent encore le robinet. Mécaniquement, ça maintiendra les cours, on n'est pas a priori dans une dynamique d'évolution importante des prix".
Tous les indicateurs nous montrent qu'on va plutôt rester dans une fourchette de 80 à 90 dollars le baril", dit-il.
Car les prix de l'essence dépendent du prix du baril de pétrole. Mais "on a un souci", selon le président national stations-services et énergies nouvelles de Mobilians: "Notre euro est légèrement en baisse et comme on achète en dollars, ça nous coûte un peu plus cher". Heureusement, "l’évolution est plus stable depuis quelques semaines, espérons que ça reste comme ça", conclut-il.
Après une longue période de hausse, les prix sont repartis à la baisse depuis avril. Le SP95 était à 1,84 euro le litre en moyenne la semaine dernière soit une baisse de 3 centimes par rapport à la semaine précédente. Le super sans plomb 95-E10 se vendait lui 1,80 euro, soit une baisse de sept centimes. Quant au diesel, il est passé sous la barre des 1,70 euro.