Le RN pourrait-il vraiment baisser la TVA sur les carburants? "Une mauvaise idée"

C’est l’un des thèmes forts de cette campagne des législatives. Le prix de l’énergie et en particulier, celui des carburants. En ce début d’été, les tarifs ont baissé à la pompe, mais ils restent élevés. "Les prix sont bas là parce que la crise au Proche-Orient a été surestimée, explique Nicolas Goldberg, associé énergie chez Colombus Consulting, sur RMC. On a globalement une baisse de la consommation dans le monde, parce qu’on a un ralentissement économique et que certaines alternatives commencent à émerger, comme le véhicule électrique. Mais 1,8 euro le litre, ça reste élevé. C’est à ce prix-là que s’était déclenchée la crise des gilets jaunes."
S’il obtient la majorité à l’Assemblée nationale et s’il est nommé Premier ministre, Jordan Bardella promet de baisser la TVA sur les carburants, de 20% à 5,5%. "La baisse de la TVA sur les carburants, il faut bien dire pour commencer qu’elle est illégale, souligne l’expert énergies dans Apolline Matin. Elle est fixée par une directive de 2006, on n’a pas le droit de passer comme ça la TVA de 20% à 5,5% sur les carburants. C’est une législation européenne. Si chacun fait son taux de TVA dans son coin, les frontaliers vont se déplacer partout. L’idée, c’est de dire qu’on a un taux de TVA harmonisé en Europe."
Pour mettre en application de taux de TVA, Jordan Bardella devrait convaincre donc Bruxelles. "Bon courage… Il faudra qu’il y ait une négociation, un gros bras de fer", explique Nicolas Goldberg. Un "premier obstacle" et "d’autres impacts" à attendre. Notamment pour les finances de l’Etat, avec "un coût d’environ 10 milliards d’euros" et des risques de désorganisation de l’approvisionnement des stations-service.
Des chèques carburants plutôt que le blocage des prix
"Pendant la crise énergétique, des ristournes avaient été mises en place et c’était catastrophique, rappelle Nicolas Goldberg. Beaucoup de frontaliers étaient venus faire leur plein en France. Ça avait complètement désorganisé la sécurité d’approvisionnement sur les carburants. Et juste après, on avait eu une pénurie des carburants dans les stations-service. Donc c’est une mauvaise idée pour les finances de l’Etat et pour l’organisation de la sécurité d’approvisionnement des carburants, en plus d’être contraire aux lois européennes."
Mais comment aider les automobilistes, confrontés depuis plusieurs années à une hausse des prix des carburants? "En réalité, la vraie solution si on veut aider les Français à faire le plein de manière juste, c’est de mettre en place des chèques carburants, estime l’expert énergies. C’est ce qui avait été fait parce que le gouvernement avait dit que les boucliers tarifaires, ce n’est pas efficace, en plus d’être coûteux."
De son côté, le Nouveau Front populaire propose un blocage des prix sur les énergies. "Ce serait le retour au bouclier tarifaire, analyse Nicolas Goldberg. Ça peut être temporaire, dans le cadre des lois. Ça ne peut pas durer."